La Banque de France en ordre de bataille contre l’inflation

Dans sa lettre au président de la République de 2023, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, dévoile ses préconisations pour lutter contre l’inflation. Christine Bardinet, la directrice régionale de l’institution en Occitanie, en détaille la vision.

La lettre au président de la République est un exercice attendu mené chaque année par le gouverneur de la Banque de France. Dans sa missive, il donne le point de vue de la banque centrale française sur les problématiques économiques les plus brûlantes. Cette année, c’est l’épineuse question de l’inflation [1] qui occupe une grande partie du courrier adressé à Emmanuel Macron par François Villeroy de Galhau. En Région Occitanie, la nouvelle directrice régionale de la Banque de France fait l’exégèse de l’écrit de son gouverneur : « La Banque de France s’engage à tout faire pour vaincre l’inflation, cette maladie économique et sociale », résume Christine Bardinet. La hausse de l’inflation est désormais à 6,7 % en France. Elle était de 7,1 % fin octobre. Au niveau de la zone euro, l’augmentation des prix est passée de 10,6 % fin octobre à 6,9 % aujourd’hui. En 2023, « le pic de l’inflation devrait être atteint au premier semestre ».

Selon la Banque de France, l’inflation, qui avait concerné les prix de l’énergie et de l’alimentaire l’an passé, devrait continuer à être préoccupante, surtout pour les produits manufacturés et les équipements industriels. Cette inflation dite « sous-jacente » atteint les 4,5 %. Elle représenterait actuellement 70 % de l’inflation totale, l’alimentaire et l’énergie seulement 30 % [2] Grâce au bouclier tarifaire sur les prix de l’energie mis en place par le gouvernement en 2022, la baisse du pouvoir achat des français aurait ainsi atteint en moyenne 0,1 % seulement. La diminution aurait été ressentie toutefois plus fortement dans les zones rurales et par les retraités. « Les uns, car ils doivent se déplacer davantage et sont plus confrontés aux hausses de prix à la pompe ; les autres, car ils dépensent souvent davantage en alimentaire, mangeant davantage chez eux », analyse la directrice régionale de la Banque de France.

La Banque de France veut « la sortie du quoi qu’il en coûte. »

Pour les années qui viennent, la Banque de France veut participer « à atteindre les 2,5 % d’inflation début 2024 et les 2 % à la fin 2024 ou fin 2025 au plus tard », « un taux d’inflation équilibré » qui offrirait « une marge de sécurité contre le risque de déflation ». Pour ce faire, la banque centrale française préconise plusieurs actions. Il faudrait d’abord sortir du « quoi qu’il en coûte » budgétaire symbolisé par le bouclier tarifaire. S’il a d’abord pu « amortir le choc énergétique », le pérenniser risquerait selon l’institution bancaire « d’entretenir l’inflation dans un contexte de décrue des prix de l’énergie ».

De façon classique, la Banque de France appelle, dans le même ordre d’idées, « à respecter les équilibres budgétaires » et à « regarder de près les dépenses publiques ». « La dépense doit être centrée sur la transformation écologique et numérique du pays. Il ne faut pas être obsédé par la dette. Il y en aura toujours. Mais il faut qu’elle soit soutenable et concerne les investissements pour l’avenir », estime Christine Bardinet. L’institution bancaire « salue l’augmentation des taux directeurs [3] de la BCE » de -0,5 % en juin 2022 à 3 % en avril 2023. La Banque de France espère que ces hausses des taux d’intérêt « seront des outils efficaces pour maîtriser l’inflation sous-jacente ». Ils ne sont néanmoins pas sans conséquence sur l’accès au crédit en France, « avec des banques qui seront moins accommodantes ». Mais la banque centrale française l’assure : « l’accès au crédit reste plus large dans notre pays qu’ailleurs en Europe ».
Matthias Hardoy

Sur la photo : Christine Bardinet, la directrice régionale de la Banque de France en Occitanie.
Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.

Les dossiers de surendettement en hausse

La Banque de France note une augmentation de +13 % des dossiers de surendettement dont elle a la charge en Occitanie dans les premiers trois premiers mois de l’année. 1090 dossiers aurait été traités en mars 2023. On serait toutefois en dessous des niveaux atteints en 2019, avant la crise sanitaire.

Notes

[1L’inflation est une augmentation générale et durable des prix.

[220 % l’énergie et 10 % l’alimentaire.

[3Taux d’intérêts fixés par une banque centrale pour les prêts qu’elle accorde aux banques commerciales qui en ont besoin et qui permettent à celles-ci de réguler l’activité économique.

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Source : https://www.touleco.fr/Article-Banque-de-france,37868