Vent de panique dans le ciel. Vendredi 28 novembre au soir, l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne (EASA) a ordonné à Airbus d’informer les compagnies aériennes possédant des exemplaires de son moyen-courrier A320 qu’elles devaient « arrêter immédiatement les vols ».
En tout, 6000 avions ont été immobilisés pour mettre à jour ou remplacer, en toute urgence, un logiciel de commande. Ce calculateur dénommé ELAC (Elevator and Aileron Computer), fourni par Thales, est vulnérable aux radiations solaires.
En clair, le soleil émet des particules chargées d’électricité. La majorité du temps, le champ magnétique terrestre nous protège des humeurs du Soleil en déviant la trajectoire du vent solaire. Mais il arrive que ces particules franchissent la barrière de l’atmosphère terrestre pour traverser un composant électronique, perturbant ainsi le signal électrique du système d’information de l’avion et altérant brièvement l’information portée par ce signal.
La décision d’Airbus a été prise à la suite de l’analyse d’un problème technique survenu, fin octobre, aux États-Unis, sur un appareil de la compagnie JetBlue. L’A320 était en phase de croisière entre Cancun (Mexique) et Newark (États-Unis) lorsque l’appareil a soudainement piqué vers le bas, sans intervention des pilotes. En réaction, ces derniers ont amorcé la phase de descente, puis posé l’avion à Tampa, en Floride.
Perturbations limitées
Cette vulnérabilité révélée faisait craindre de fortes perturbations sur le trafic aérien mondial, l’A320 étant l’appareil le plus vendu au monde. Entré en exploitation en 1988, il avait été livré fin septembre à 12.257 exemplaires. Air France, l’un des plus gros clients d’Airbus, a subi un impact limité. Mais, samedi, la compagnie la plus touchée était la compagnie colombienne Avianca. Elle a fait savoir, dans un communiqué, que 70 % de sa flotte sont concernés et qu’elle suspendait la vente de billets jusqu’au 8 décembre. Aux Philippines, les compagnies locales Philippine Airlines et Cebu Pacific ont dû annuler plus de quarante vols et ont proposé remboursements et changements de dates aux passagers lésés, tandis que la compagnie japonaise ANA avait averti qu’un grand nombre de vols seraient annulés ou retardés samedi et dimanche.
« Je tiens à présenter mes sincères excuses à nos clients et aux passagers impactés. La sécurité est notre priorité absolue, notamment pour les millions de personnes qui voyagent quotidiennement à bord de nos Airbus. Nos équipes travaillent sans relâche pour accompagner nos opérateurs et déployer ces mises à jour au plus vite afin de remettre les avions en service et de reprendre un fonctionnement normal, avec le niveau de sécurité que vous attendez d’Airbus », a écrit Guillaume Faury, le patron d’Airbus, sur le réseau social Linkedin. Dimanche soir, le problème semblait entièrement résolu et seule une centaine d’appareils était encore clouée au sol.
Audrey Sommazy
Sur la photo : un avion de la famille A320 d’Airbus. Crédit : Rémy Gabalda -ToulÉco.
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