Hérault. Greenphage lance la production industrielle de ses virus anti-bactéries

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À Clapiers, près de Montpellier, la biotech Greenphage industrialise ses bactériophages, des prédateurs de bactéries capables d’assainir les eaux usées, industrielles ou de baignade en quelques heures. Une unité de production a été mise en place il y a quelques semaines.

C’est une première industrielle en France. La biotech Greenphage (Clapiers, Hérault) vient de lever 1,9 million d’euros pour industrialiser ses solutions de traitement des eaux à base de bactériophages, ces virus naturels capables d’éliminer les bactéries pathogènes. La levée de fonds est bouclée auprès d’Irdi Capital Investissement, Sofilaro, Sud Mer Invest et Environnement Massif Central. Au total, le plan de financement doit atteindre 4 millions d’euros, via des prêts bancaires et des dispositifs d’aide à l’innovation et à l’industrialisation, notamment auprès de Bpifrance et de la Région Occitanie. Les bactériophages développés par Greenphage peuvent diviser « par 100 ou 1000 une population bactérienne en quelques heures, et se multiplient au contact de leurs bactéries cibles. Avec une faible dose, de grandes quantités d’eau peuvent ainsi être traitées », confie Pascal Peny, directeur du Business Development.

Installée au sein de la pépinière Cap Alpha de Montpellier Méditerranée Métropole, la société prévoit de mettre en service, en octobre, une unité de production de bactériophages d’une capacité de 1500 litres par semaine, à même de traiter 100 à 150 sites. Autres objectifs poursuivis : accélérer la mise sur le marché de traitements anti E.Coli, et renforcer son équipe de R&D pour développer de nouvelles solutions de traitement en santé humaine.

Déjà testée dans des stations d’épuration dans le Gard et en Bretagne, la solution séduit aussi le secteur agroalimentaire. Un industriel de la volaille l’utilise pour traiter des effluents particulièrement chargés en bactéries. « Cela permet de préserver des activités du littoral, comme la conchyliculture ou la baignade, et optimise la méthanisation », déclare Pascal Peny. Mais la technologie ne s’applique pas sur les produits agroalimentaires en Europe. Pour cause, « les critères d’élimination des bactéries dans l’agroalimentaire sont très stricts en Europe, pour couvrir les risques de possibles mutations des bactéries », explique-t-il.

Comment Greenphage a-t-il convaincu les investisseurs dans cette période sous tension pour lever des fonds ? « Nous portons une innovation biotechnologique de rupture, issue de la nature, explique Pascal Peny. Elle n’a pas d’impact environnemental car les bactériophages sont biodégradables, peut toucher un marché de masse et est concurrentielle par rapport aux produits chimiques. »

Cofondée en 2017 par son président Denis Costechareyre, Greenphage s’appuie sur une technologie issue du Laboratoire d’écologie microbienne de Lyon et de collaborations avec l’Inrae, le Cirad, l’Inserm et le CHU de Nîmes. Avec six collaborateurs et un chiffre d’affaires de 117.000 euros en 2024, la biotech vise le million d’euros en 2027 pour atteindre l’équilibre.
Amélie Cazalet

Sur la photo : L’équipe de Greenphage à Clapiers. Crédit : DR.

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Source : https://www.touleco.fr/Herault-Greenphage-lance-la-production-industrielle-de-ses-virus,49324