Pierre-Olivier Nau, Medef : « Il faut que cesse la créativité fiscale de ce gouvernement »

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Le lundi 24 novembre prochain, les patrons toulousains investissent le Palais des Sports, le temps d’un happening inédit. À l’appel de la CPME 31 et du Medef 31, rejoints par la FBTP 31 et l’UIMM Occitanie, les décideurs se réuniront à 11h pour dénoncer l’absence de visibilité politique et la pression fiscale qui pèsent sur les entreprises. Pierre-Olivier Nau, président du Medef de Haute-Garonne, explique les raisons de cette mobilisation.

Pierre-Olivier Nau, pourquoi cette mobilisation générale des patrons à Toulouse ce 24 novembre ?
C’est pour répondre au flou absolu qui pèse sur l’avenir fiscal et normatif et dénoncer l’absence de prise en compte des difficultés des entreprises. Les organisations patronales de Haute-Garonne [1] ont envie de dire leur ras-le-bol. C’est notre première manifestation conjointe, c’est dire l’ampleur de ce mouvement.

C’est une manifestation pour l’instant cantonnée à Toulouse, alors que les discussions actuelles se passent au Parlement. N’est-ce pas un peu limité pour sensibiliser au national ?
L’échelle locale est la bonne échelle pour sensibiliser les entrepreneurs qui se battent au quotidien. Et on espère que d’autres villes nous suivront dans cette mobilisation. Ce n’est pas la première fois que Toulouse insuffle des mouvements. Il faut réagir. Nous allons connaître une année record en 2025 pour les défaillances d’entreprises, avec près de 1300 sociétés en faillites au troisième trimestre. C’est 16 % de défaillance en plus que lors de la crise de 2008.

Justement, selon les derniers indicateurs de la Banque de France, Toulouse semble relativement épargnée par les difficultés. Êtes-vous sûr que cet appel sera entendu ?
C’est vrai que cela peut paraître paradoxal, puisque la croissance de la filière aéronautique permet de soutenir l’économie locale. Mais, en réalité, compte tenu du fort dynamisme d’Airbus, notre croissance devrait être bien plus importante encore et nous souffrons autant que les autres. Pour l’heure, même l’avionneur blagnacais temporise dans ses investissements, ce qui a un réel impact sur toute la filière événementielle et restauration qu’il porte habituellement. Je vais même plus loin : si je prends l’exemple d’une ville comme Seattle, qui grâce à la dynamique Boeing a vu naître de grandes marques internationales comme Amazon, Starbucks ou encore Costco, on voit que Toulouse est très à la traîne. Comparé à l’intelligence créative de Boeing, Airbus reste dans son couloir de nage et notre dynamique locale est au final bien morose.

Quelles sont vos revendications ?
On veut sauver nos entreprises. Et, pour cela, il nous faut une politique claire et que cesse la créativité fiscale de ce gouvernement. Il faut des solutions pour sauver nos retraites, il faut redonner vie à l’apprentissage. Du point de vue du Medef, nous réclamons aussi de ne pas augmenter l’Impôt sur les sociétés des grandes entreprises. Je prends l’exemple des Laboratoires Pierre Fabre, pour qui cela représente une hausse de 38 millions d’euros. Ce sera autant d’argent qui ne sera pas investi dans l’économie locale. On veut un budget 2026 qui revienne à la raison. Aujourd’hui, les députés que nous rencontrons avouent eux-mêmes être complètement perdus. Il est vital de revenir à la réalité et à la rationalité économiques. Et c’est ce que nous redirons avec force ce lundi.
Propos recueillis par M. V.

Sur la photo : Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31, et son vice-président Thomas Fantini, le 4 juillet dernier à Toulouse. Crédit : M.-D.L.-ToulÉco.

Notes

[1CPME, Medef, FBTP et UIMM

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Source : https://www.touleco.fr/Pierre-Olivier-Nau-Medef-Il-faut-que-cesse-la-creativite-fiscale,49132