L’agence Sang Neuf, c’est avant tout l’histoire de quatre experts complémentaires : deux spécialistes de la création, amis depuis vingt ans, Pierre-Yves Demarcq, fondateur-directeur de création, et Cédric Morvan, fondateur-directeur artistique. Mais aussi deux spécialistes de stratégie, Coralie Duprat, directrice conseil & stratégie globale, et Teiko Mgaloblishvili, fondatrice-directrice des stratégies, complices depuis dix ans.
Après avoir, tous les quatre, collaboré au sein d’une même structure pendant cinq ans, ils ont décidé de lancer leur propre agence avec pour objectif de « remettre la créativité audacieuse au cœur du métier, dans un secteur où elle est souvent sacrifiée au profit de la rapidité et de la rentabilité », comme l’explique Teiko Mgaloblishvili. Ils prônent alors une approche fusionnelle entre la création et la stratégie dès les premières étapes d’un projet. « En général, créatifs et commerciaux évoluent en opposition. Chez nous, c’est l’inverse : nous sommes une famille », déclare Cédric Morvan. Leur organisation, mêlant travail à distance et en présentiel, est un véritable mode de fonctionnement qui leur convient, les rendant plus productifs. « Et puis, ne pas avoir de bureaux fixe signifie que nos clients paient pour notre travail, pas pour nos locaux », ajoute Teiko Mgaloblishvili.
Selon Coralie Duprat, « dans un monde où les consommateurs sont exposés à plus de 1200 publicités par jour, capter l’attention devient un véritable défi ». Pour Sang Neuf, la clé réside dans l’émotion et l’audace. Elle ajoute que « trop d’annonceurs jouent la sécurité en reproduisant les mêmes schémas. Or, une publicité efficace doit marquer les esprits, il est donc impératif de prendre des risques. »
D’après l’agence, un autre défi du paysage publicitaire actuel réside dans « la méfiance grandissante du public à l’égard des messages jugés trop parfaits ou trompeurs ». Pierre-Yves Demarcq attribue ce phénomène à « l’influence des réseaux sociaux, qui brouillent la frontière entre le vrai et le faux ». Il souligne que la clé réside dans « une publicité plus authentique et sincère ». Tout l’enjeu reposerait « dans la capacité à s’adapter aux évolutions sociétales en restant fidèle aux valeurs fondamentales de respect et de transparence ».
« L’IA permet d’explorer, mais l’essentiel reste notre savoir-faire humain »
Avec leur parcours commun, les fondateurs de Sang Neuf ont tiré une leçon essentielle : ne jamais abandonner. « Certains clients hésitent à oser, mais une fois qu’ils voient le résultat, ils sont ravis », poursuit Pierre-Yves Demarcq. L’instinct joue un rôle clé, et c’est là où l’humain a une longueur d’avance sur l’intelligence artificielle. Bien que conscients du potentiel de l’intelligence artificielle, les fondateurs de Sang Neuf refusent qu’elle remplace le travail humain. Cédric Morvan développe l’idée qu’elle soit utilisée « pour certaines tâches, comme l’analyse de données ou la création de maquettes, mais toujours comme outil et non comme substitut ».
Cette année, ils ont conçu leur carte de vœux avec l’IA où des voix générées imitaient des célébrité,s notamment Jean-Claude Van Damme et Afida Turner, souhaitant la réussite de l’agence. Un concept à la fois créatif et humoristique qui leur a valu d’être sélectionnés par le journal La Réclame, spécialisé dans la publicité, pour le prix de la meilleure carte de vœux de l’année. Cédric Morvan conclut : « l’IA permet d’explorer des idées impossibles à réaliser autrement, mais l’essentiel reste notre savoir-faire humain ».
Transparence et humour mis en avant
Parmi les projets récents, Sang Neuf a relevé un défi de taille : concevoir en seulement deux semaines une campagne de communication OOH pour le restaurant La Côte et L’Arête. Cette chaîne, reconnue pour sa cuisine traditionnelle et faite maison, a ainsi revu sa stratégie pour adopter un positionnement plus audacieux et original sur de la publicité extérieure, notamment via les panneaux d’affichage. Plutôt que de centrer son travail sur l’identité de la marque, l’agence s’est attachée à cerner les valeurs portées par les fondateurs. Comme l’explique Coralie Duprat, l’équipe a su « saisir leur état d’esprit et instaurer une relation de confiance, les encourageant ainsi à s’affranchir des codes classiques ».
Les quatre fondateurs de Sang Neuf tiennent à rester une structure à taille humaine, avec un modèle fondé sur un système de partenariats dans lequel ils travaillent avec des freelances et des boîtes de production. Pierre-Yves Demarcq justifie ainsi : « Nous avons toutes les compétences nécessaires en interne et, avec notre expérience, nous sommes plus que légitimes à parler de publicité. » Les valeurs qu’ils prônent - notamment « l’intégrité, le respect mutuel, l’écoute, la transparence et l’humour » - jouent également un rôle crucial dans leur manière de travailler avec leurs clients. Selon Teiko Mgaloblishvili, « on est apprécié des clients car il y a un rapport de confiance et de sincérité ».
Manon Laforgue
Sur la photo : Coralie Duprat, directrice conseil & stratégie globale, Pierre-Yves Demarcq, fondateur-directeur de création, Teiko Mgaloblishvili, fondatrice-directrice des stratégies, et Cédric Morvan, fondateur-directeur artistique. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.