Jean Vinegla fait partie de ces pionniers de la télématique qui ont développé les réseaux et services Télécom en France. Les plus anciens se souviennent des codes 3615 du minitel. « À l’époque, j’avais lancé le 3615 code TF1 », s’amuse-t-il. Depuis, l’informatique a connu plusieurs révolutions, à commencer par Internet au début des années 2000. C’est à cette époque qu’il décide de lancer Navista, avec une innovation à la fois simple et compliquée : créer un routeur informatique qui sécurise les données entre l’émetteur et le receveur. Une box cybersécurité avant l’heure que l’entreprise Navista, basée à Perpignan, dédie aux réseaux professionnels, et en particulier aux notaires. « Les notaires manipulent des données hautement personnelles et sensibles », explique Charlotte Bellois, directrice générale de l’entreprise. « Notre spécialité est de créer le chemin sécurisé jusqu’aux serveurs centraux de la profession. Nous y ajoutons des services de téléphonie, de visioconférence sécurisés, et de la cybervigilance, évidemment. »
Comptant une trentaine de collaborateurs pour un peu moins d’une dizaine de millions d’euros de chiffre d’affaires, Navista peut s’appuyer sur les compétences métiers et techniques des autres sociétés du groupe. Mais, fait assez rare, elle reste elle-même mono-métier : « Notre clientèle, ce ne sont que des études notariales. Au départ, la solution avait été développée pour la Chambre interdépartementale des notaires de Paris. C’est une profession qui est très exigeante », poursuit Charlotte Bellois. « Notre box et notre système de visioconférences ont d’ailleurs un agrément spécifique délivré par le Conseil supérieur du notariat. »
C’est la raison pour laquelle seuls quatre opérateurs de réseaux privés travaillent sur ce marché, qui compte 8000 offices notariales en France. Navista y revendique 33 % de parts de marché, qu’elle a pu conquérir assez rapidement depuis l’ouverture du marché à l’ensemble de l’Hexagone en 2019.
Navista est d’abord une société familiale. Les photos prises depuis la création de la société et au fil de son évolution témoignent de son caractère "tribu" voulu par le fondateur. « Nous avons fait le choix d’être à Perpignan dans un esprit très familial. En vingt-cinq ans nous avons eu des mariages, des naissances, beaucoup d’achats de maisons… », raconte Jean Vinegla. « L’entreprise n’aurait pas ce même esprit de tribu à Paris ou à Toulouse. À nous, donc, de jouer notre rôle social d’entreprise et de faire en sorte que les collaborateurs se sentent bien chez nous. Ce qui explique que nous n’avons quasiment pas de turnover. » D’ailleurs, la directrice générale de Navista n’est autre que la belle-fille du fondateur, preuve de cet attachement familiale.
Martin Venzal
Sur la photo : Charlotte Bellois et Jean Vinegla, directrice générale et président de Navista, appartiennent aussi à la même famille. Crédits : Benjamin Teillard pour Navista.