La gestion de la trésorerie, c’est le nerf de la guerre de tous les dirigeants. Selon la Banque de France, 65.764 défaillances ont été enregistrées en 2024 (en comptant uniquement les redressements et liquidations judiciaires), et un quart d’entre elles seraient liées à des problèmes d’impayés. « Nous sommes dans une période où toutes les entreprises sont en plein remboursement de PGE et sont donc obligées d’y affecter une partie de leurs ressources », explique Anne-Cécile Brigot-Abadie, directrice régionale de Bpifrance Toulouse. « Si on n’avait eu que la crise Covid, la situation serait peut-être plus apaisée, mais, depuis, se sont ajoutées d’autres crises (énergie, difficultés d’approvisionnement et coûts des matières premières ... ) et tout dernièrement, les droits de douanes américains ont également (eu) un impact sur l’activité des entreprises », indique Émilie Vidal, directrice régionale de Bpifrance Montpellier.
Les préoccupations de trésorerie se retrouvent logiquement en hausse dans notre Baromètre En Mode Éco [1], en France (+56 % en 2025 par rapport à 2021) comme en Occitanie ( +44,4 % sur la même période). Si on entre un peu plus dans le détail, !’Occitanie résiste mieux que la France quant à la recherche de renseignements sur les prêts, où le nombre de requêtes augmente plus vite (+17,44 % en national contre +8,26 % en région).
Et quand il s’agit de chercher des solutions, l’affacturage apparaît comme l’offre la plus plébiscitée, avec deux fois plus de demandes que les prêts de trésorerie en 2024 et 2025. Mais surtout dans les grandes villes. « On constate que la Haute-Garonne et !’Hérault sont très tournées sur l’affacturage. Cela reflète le poids économique rapporté au territoire », commente Anne-Cécile BrigotAbadie. « L’affacturage peut être une solution pour des besoins de trésorerie à court terme au même titre que la Dailly. En parallèle, les crédits de trésorerie s’inscrivent plutôt dans le moyen terme. »
« Les entreprises doivent être attentives à leurs clients et à leurs fournisseurs quant à leur délais de règlement. »
Autre information intéressante, celle de la moyenne d’âge. Les préoccupations de trésorerie mobilisent plus les 18-34 ans et les 65 ans et plus, deux catégories où le nombre de requêtes est plus élevé. « Ce sont des chiffres cohérents : quand ils sont jeunes, ils sont plus à l’affût de solutions car ils sont en recherche de stabilisation. Pour les plus âgés, c’est à mettre en relation avec les problématiques de transmission ... », analysent les directrices régionales. « L’occasion de rappeler qu’une transmission, ça se prépare et ça s’anticipe bien. » Enfin, l’étude révèle que les dirigeants ne sont pas tous égaux devant la gestion de la trésorerie. Certes, le baromètre met en avant des recherches croissantes de solutions pour les entreprises en difficultés : « C’est un chiffre historique et au plus haut sur les quinze dernières années, hors pics de recherche en mars et avril 2020 », constate Victor Gajan, cofondateur de Big Happy en charge de l’innovation. Mais d’autres sont plus occupés par le placement de leur trésorerie positive, « une demande qui arrive en tête chez les 55-64 ans et plus ». Comme quoi, la trésorerie, c’est peut-être aussi une histoire d’expérience.
« La Région Occitanie et l’agence Ad’Occ en soutien aux entreprises en difficulté »

« Nous constatons une augmentation des défaillances de trésorerie des entreprises d’Occitanie. Cela résulte d’un effet ciseaux : d’un côté, une contraction des marchés due au contexte d’instabilité et à la crise internationale ; de l’autre côté, une augmentation des charges. Ces dernières n’ont cessé de croître depuis quelques mois en raison des PGE et des crises présentées dans l’étude. L’augmentation des taux d’intérêts et les difficultés accrues pour obtenir des prêts auprès de leurs partenaires financiers rendent d’autant plus difficile la recherche de solutions pour soulager ces trésoreries sous tension. Dans ces conditions, ce sont bien sûr les PME qui sont les plus vulnérables, car elles ne disposent pas toujours des marges de manœuvre pour absorber ces chocs. Notre agence régionale de développement économique Ad’Occ a constaté dans son plan de charge une augmentation importante du suivi des entreprises en difficulté, de l’ordre de 200 %. La Région Occitanie a mis en place un certain nombre d’outils pour accompagner les filières et les entreprises en période de crise. Nous avons des dispositifs économiques de souveraineté industrielle : des fonds d’investissement qui permettent d’être actionnaire d’un certain nombre d’entreprises ; un fonds souverain de 400 millions d’euros pour l’innovation et la transformation industrielle. »
Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie délégué au Développement économique, à l’innovation. à l’emploi et à la réindustrialisation et viceprésident de l’agence Ad’Occ.
Notes
[1] Méthodologie
La présente étude a été réalisée par l’agence Big Happy, en agrégeant un certain corpus de données sur les requêtes sémantiques de Google de façon mensuelle de 2021 à 2024 sur la France, sur !’Occitanie et par départements. Les clés d’entrées analysées sont les suivantes : financement entreprise, prêt entreprise, investissement entreprise. En partant de ces clés d’entrée, Big Happy cartographie ainsi l’ensemble des requêtes associées au sujet. Le corpus final retrace donc 2481 verbatims différents pour un total de 240.000 recherches mensuelles en national. En Occitanie, cela porte à 26.435 recherches étudiées mensuellement sur la même période.