« A Miami, le Networking fait le Business »

Pierre Olivier Carles, chef d’entreprise et investisseur toulousain, est parti tenter l’aventure américaine sur la côte Est.
On peut retrouver ses notes via Twitter (http://twitter.com/pcarles) ou sur son blog :http://www.pocarles.com.

"La tentation est forte, quand on arrive dans un pays de tout trouver beau et fantastique. On sait tous que ce n’est pas vrai. Toutefois, je crois que certaines pratiques méritent que nous les importions, en France en général et à Toulouse en particulier. Ceci étant, j’aime autant vous prévenir que ma prochaine note portera sur ce que les américains devraient nous prendre, si des fois tout le mal que je vais dire ici de certaines pratiques de la région, me laisse encore une chance de publier autre chose :-)

Partout dans le monde, une grande partie du business que vous êtes capable de générer porte en partie sur la qualité - et la bonne volonté - de votre réseau. Les mécaniques du réseau sont complexes et reposent sur des leviers souvent inattendus. Un dénominateur est commun à tous : vous devez donner beaucoup pour recevoir.

Je suis arrivé en Floride il y a quelques jours, pour raisons à la fois personnelles et professionnelles. Sans avoir pris le moindre contact préalable, mon agenda de la semaine prochaine est déjà plein. Comment ce tour de magie est-il possible ?

Certaines personnes me connaissaient de nom via Twitter ou mon blog.
Apprenant que j’arrivais à Miami, elles m’ont contacté pour m’aider à m’intégrer, sans que je ne demande rien, juste pour m’aider. Je suis ainsi invité à participer à deux soirées regroupant les principaux acteurs locaux de l’Internet social. J’ai également un dizaine de rendez-vous et/ou déjeuner, avec des entrepreneurs ou des investisseurs, américains ou français expatriés.

Mis à part pour deux d’entre eux pour lesquels je sais à quoi m’attendre, je n’imagine pas ce que je vais en retirer sur le plan professionnels, mais les rencontres sont la base même des affaires. Dans le pire des cas, elles me permettront de mieux comprendre l’écosytème local et dans le meilleur des cas, on fera nos premiers « deals ».

Vous devez comprendre que je suis à Miami et non dans la Silicon Valley. Si je compare mon secteur d’activité, l’Internet, au secteur du luxe, c’est la même différence que celle qu’il peut y avoir entre la Place Vendôme et un village des Pyrénées. Si j’avais été en Californie, ce serait 10 fois plus rapide !

Quand je suis revenu habiter à Toulouse en 2002, après avoir passé quelques années à Paris, à la tête d’une start-up - et d’une belle aventure qui s’est terminée, plus tard, en bourse - je dois avouer que je n’ai pas fait beaucoup d’efforts pour m’impliquer localement, sur le plan strictement professionnel. Ce n’était pas du dénigrement ou une quelconque arrogance mal placée, mais simplement un état de fait. Mes sociétés travaillent principalement avec des grands comptes et la majeure partie de nos clients ont leur siège à Paris, où sont d’ailleurs implantés nos bureaux commerciaux. Par ailleurs, mon réseau étant surtout dans l’Internet, la notion de géographie n’avait pas de sens.

Toutefois, les réseaux toulousains - que je n’ose pas appeler des clans mais c’est tout comme - m’ont semblé extrêmement fermés. Il semble qu’il y ait des gens très importants, qu’il ne faut surtout pas froisser, sous peine de devenir Persona Non Grata et d’être donc banni du marché local... Je n’ai pas de cas particuliers en tête, mais j’ai eu l’occasion d’en rencontrer quelques uns (en 6 ans, c’est un minimum !), sorte de mini-barons très fiers... mais qui, avec un œil neuf, ressemblaient un peu aux enfants qui veulent devenir les roi des bacs à sable.

Le monde a changé et la richesse vient plus que jamais de la diversité et de l’ouverture, y compris la richesse financière

Toulouse est effectivement un bac à sable... dans un marché qui serait grande comme le Sahara (et heureusement, beaucoup moins aride !). L’économie de la région comme celle de la ville gagnerait énormément à intégrer les talents venus d’ailleurs qui affluent en masse pour la qualité de vie extraordinaire de notre région. Elle gagnerait également à donner une large chance, à de jeunes entrepreneurs locaux, de démontrer qu’ils ont de la valeur par leur talent et leur énergie, et non par la chance qu’ils ont de connaître tel ou tel roitelet.

Des porteurs de projets, plein d’énergie et de talent, calquent leur comportement sur un schéma culturel obsolète, quand ils n’essayaient pas, tout simplement, de faire partie de la Cour. Ils se trompent, doivent prendre confiance en eux et tracer leur route avec leur propres convictions. Plus que jamais, à l’heure où l’Internet et le numérique modifient en profondeur la très grande majorité des Business Models, il est important que le brassage le plus large possible puisse se faire.

Ici, le Networking n’est pas du copinage et il n’est pas non plus un jeu de pouvoir ou d’égo. C’est juste une partie du job de tout Homme d’affaires. Chaque personne que j’ai croisé ici, depuis que je suis arrivé, m’a dit à un moment ou à un autre : « How can I help ? ». Il savent que, tôt ou tard, il est possible que nous nous croisions à nouveau. Peut-être, ce jour-là, je serai celui qui pourra apporter quelque chose et je le ferai bien-sûr...

Donner est la base même du réseau et ce n’est ni candide, ni philanthropique : c’est juste une façon simple, pragmatique et surtout redoutable d’efficacité, de faire des affaires. Vu d’ici, c’est à dire, vu d’ailleurs, je crois que Toulouse gagnerait à s’inspirer de cette pratique, et pas uniquement dans l’Internet.

Au fait, si des fois vous passez par la Floride pour y faire quelques affaires, faites-moi signe... Je pourrais peut-être vous être utile ;-)

Take care !"

Pierre Olivier Carles, chef d’entreprise et investisseur français, est parti tenté l’aventure américaine sur la côte Est.
On peut retrouver ses notes via Twitter (http://twitter.com/pcarles) ou sur son blog :http://www.pocarles.com.

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