Le lieu n’est pas choisi au hasard. C’est à La Cité, là où Latécoère avait implanté son usine de fabrication d’avions de reconnaissance en 1914, après avoir longtemps fabriqué des structures de wagon, que le cluster Primus a organisé un job dating. Pour sa quatrième édition, qui s’est déroulée jeudi 2 octobre, 3200 offres étaient proposées par une quarantaine d’entreprises. Parmi elles, les groupes KNDS, Lacroix ou encore Cegelec.
Car trois ans après le lancement par Emmanuel Macron du concept d’économie de guerre, dans la foulée de l’invasion russe en Ukraine, l’industrie d’armement doit changer de dimension pour passer d’une production formatée pour temps de paix à un complexe militaro-industriel adapté au nouveau contexte géopolitique.
Delair, entreprise qui réalise aujourd’hui 85 % de son activité dans la défense, avait un stand, à côté duquel était installé un drone rouge. Car, même si ses effectifs sont passés de 80 à 215 personnes en une quinzaine de mois, le droniste recrute encore. Dans la file d’attente, Enzo, 23 ans,espère convaincre en quelques minutes son auditoire. Ce diplômé de l’École nationale supérieure d’électrotechnique, d’électronique, d’informatique, d’hydraulique et des télécommunications (Enseeiht) est déjà rompu à l’exercice de l’entretien d’embauche. D’ailleurs, sa candidature est toujours en attente au Cnes. « Comme je n’ai pas eu de réponse, je me dis qu’il faut que je tente ma chance ailleurs. Pourquoi pas dans les drones ? Il y a de l’électronique. Mais je vais tenter aussi la direction générale de l’armement (DGA) », explique-t-il.
Si le secteur de la défense est représenté par quelques importantes PME régionales, l’aéronautique reste le moteur de ce job dating. Il faut dire que pour honorer les 8700 commandes d’Airbus, le secteur embauche massivement : 25 000 postes prévus en 2025. Alexandre, 29 ans, a fait le déplacement depuis Rennes (Ille-et-Vilaine) pour se glisser dans les rangs du motoriste Safran. Chemise cartonnéeverte remplie de CV, ce thésard croise les doigts pour décrocher enfin un poste d’ingénieur spécialisé dans les matériaux. « Il n’y a pas d’annonce de la fonction que je vise. C’est la raison pour laquelle je viens en personne. Et puis je me dis que le premier contact doit se faire en face à face », précise Alexandre.
La lente féminisation de l’industrie aérospatiale
Le monde de l’industrie reste un bastion masculin mais il se féminise peu à peu, comptant aujourd’hui 27 % de femmes, soit 7 points de plus qu’il y a dix ans, selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas). Un taux qui recouvre des situations très contrastées selon les métiers : on compte ainsi plus d’ingénieures que de chaudronnières ou de soudeuses. Les secteurs de la maintenance aéronautique ou aéroportuaire, la logistique et le fret restent également très peu féminisés.
Dans la longue file d’attente d’Airbus, Mathilde, 26 ans, est inquiète. « Ca se voit ? », s’interroge la jeune femme, BTS assistante de gestion et licence mention ressources humaines en poche. « Je suis stressée car j’ai toujours voulu travailler dans les avions. C’est une grosse entreprise alors je me mets la pression », précise la Toulousaine, dont la mère, qui travaille chez ATR, lui a donné un coup de main. « Elle a fait passer mon CV mais je veux me présenter car je me dis que la première impression est la bonne. »
Audrey Sommazi
Sur les photos : Le job dating organisé par le cluster Primus jeudi 2 octobre à la Cité, à Toulouse. Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.
P.S. :
Tous les lundis, retrouvez l’actualité de l’aéronautique régionale sur touleco.fr.