Signe de solidité, la première opération de croissance externe représente un cap important dans la vie d’une entreprise. C’est ce moment qu’est en train de vivre la société montpelliéraine Enerfip. La plateforme occitane, qui investit dans des projets en lien avec la transition énergétique, vient de racheter, au groupe Société Générale, Lumo [1], plateforme analogue à la sienne dont le siège était située dans la région bordelaise.
« Le secteur du financement participatif au service de la transition énergétique entre dans une nouvelle phase, plus mature, avec un phénomène de concentration. On se regroupe pour se renforcer et pour changer de braquet. Nous sommes contents aujourd’hui, onze ans après notre création, de faire cette croissance externe », résume Julien Hostache, président et fondateur d’Enerfip. Grâce à cette acquisition, Enerfip va passer le cap des 100.000 investisseurs et du milliard d’euros investis sur ces plateformes. Enerfip a financé, à lui seul, plus de 750 millions d’euros dans plus de 600 projets. L’acteur montpelliérain vise les 400 millions d’euros investis par an dans les trois prochaines années. Fondée en 2014 à Montpellier, Enerfip compte plus de cinquante collaborateurs et possède également des bureaux à Paris et dans d’autres capitales européennes (Madrid, Rome et Amsterdam). D’ici 2030, la plateforme voudrait être présente dans une dizaine de pays européens.
« Le taux d’échec des projets sur notre plateforme n’est que de 0,15 % »
Julien Hostache pense, en ces temps difficile pour les finances publiques, que le financement participatif peut venir apporter une aide décisive aux grands projets énergétiques d’avenir. « Il y a un stock monstrueux d’épargne en France, plus de 6 milliards d’euros qui ne sont pas toujours utilisés à bon escient. Orienter l’épargne vers la transition écologique et des grands investissements d’avenir est un enjeu majeur », estime le dirigeant d’Enerfip.
Selon le Montpelliérain, les investissements sur Enerfip, en plus d’être porteur de sens, ne sont pas très risqués. « Le risque zéro n’existe pas, il faut en avoir conscience. Mais le taux d’échec des projets sur notre plateforme depuis ses débuts n’est que de 0,15 %. Le conseil que je donne aux investisseurs, c’est de ventiler leurs investissements sur plusieurs projets. Le montant moyen d’investissement par projet est de 2000 euros », indique Julien Hostache. Enerfip, qui avance un chiffre d’affaires de 5,7 millions l’an passé, devrait atteindre les 6,6 millions cette année [2].
Sur la photo : Julien Hostache, Édouard Dischamps, Vincent Clerc et Sébastien Jamme, dirigeants d’Enerfip. Crédit : Enerfip.
Notes
[1] Fondée en 2012, Lumo rassemble depuis sa création une communauté de 32.000 membres ayant participé à plus de 260 collectes pour un montant total de 230 millions d’euros. Sur une dizaine de collaborateurs, un collaborateur seulement de Lumo a rejoint Enerfip. Les autres ont retrouvé un poste au sein du groupe Société Générale.
[2] Le modèle économique fonctionne par des frais aux porteurs de projets.