Plutôt télétravail, full remote, flex office, coworking ou bureau ? En matière d’organisation du travail, la période Covid a clairement rebattu les cartes. En quête d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, les salariés ont réévalué leurs exigences, tandis que les dirigeants se sont adaptés pour attirer – et conserver – les talents, tout en maintenant leur compétitivité. À ce titre, ce nouveau baromètre En mode éco [1] témoigne, côté salariés, d’un intérêt toujours plus marqué pour le télétravail. « De plus en plus souvent associé aux recherches d’emploi, c’est devenu un critère impérieux », constate Victor Gajan, cofondateur de Big Happy en charge de l’innovation.

Un avis partagé par Caroline Nancy, DRH du groupe Scalian (31) et présidente de l’ANDRH Midi-Pyrénées : « Le télétravail est désormais incontournable. Il fait partie des attributs recherchés par défaut par les candidats, au même titre que le package de rémunération. » Les recherches liées au full remote – le 100 % télétravail – sont elles aussi en forte progression chez les salariés occitans, tandis que celles associées au flex office – l’absence de bureau attitré – tendent à diminuer. Un phénomène que Saber Zouggarh, DRH du groupe Syngenta (Gard) et président de l’ANDRH Languedoc-Roussillon, juge naturel. « Aujourd’hui, les offres d’emploi proposent davantage de télétravail – et même de full remote – que de flex office », constate-t-il. « Il est donc logique que les salariés adaptent leurs recherches. » Caroline Nancy abonde : « Il y a eu, à une certaine époque, une forme d’enthousiasme pour le flex office, mais ceux qui l’ont expérimenté se sont rendu compte que ce n’était pas la panacée. Car lorsque l’on va au bureau, c’est pour retrouver ses collègues, son collectif. Associé au télétravail, le flex office perd beaucoup de son intérêt. »
Encadrer la flexibilité

Du côté des dirigeants, les recherches portent désormais moins sur l’opportunité de mettre en place le télétravail que sur l’encadrement légal de l’exercice. Là encore, les enseignements du baromètre confirment les observations de terrain. « Au moment de la crise sanitaire, la mise en œuvre du télétravail a souvent été vécue comme une contrainte ; il fallait agir vite pour la bonne continuité d’activité des entreprises », rappelle Saber Zouggarh. « Puis il a fallu mettre en place un cadre par le déploiement de chartes ou la négociation d’accords d’entreprise. L’hybridation du travail est à présent mature et définitivement ancrée dans l’organisation. »

Aujourd’hui, les requêtes des dirigeants portent sur les jours télétravaillés, les heures supplémentaires, les horaires... Rien de plus normal », estime Caroline Nancy : « Le contrat de travail, qui induit un lien de subordination et une obligation de santé-sécurité, n’est pas toujours facilement compatible avec le distanciel. Les chefs d’entreprise se posent donc beaucoup de questions. Le sujet du dosage du télétravail revient souvent, notamment lorsque sont mis en lumière des effets de bord relatifs à de la perte d’innovation ou au rôle de régulateur social de la machine à café... » Enfin, les dirigeants s’interrogent de plus en plus volontiers sur la santé des salariés et l’accompagnement des aidants. Là encore, la période Covid a fait son oeuvre. « La parole s’est libérée ; il y a aujourd’hui davantage d’échanges sur les situations individuelles », constate Caroline Nancy.

« la Région a créé le label Tiers-Lieux d’Occitanie »
« Pour qu’elle puisse résister à toutes les crises, nous devons rendre notre économie plus compétitive, plus résiliente, plus souveraine. Nous devons aussi répondre aux appétences des gens et aux équilibres de vie professionnelle. En Occitanie, l’évolution des modes de travail s’accélère : télétravail, flex office, espaces de coworking… Les attentes des salariés et des entreprises convergent vers plus de souplesse, de proximité et de qualité de vie. Face à ces transformations, l’agence AD’OCC et la Région Occitanie se mobilisent pour accompagner ces nouvelles pratiques et favoriser l’émergence de solutions adaptées aux territoires. L’agence AD’OCC, qui a accompagné 2726 entreprises, en 2025 est au coeur de ces transformations avec la tournée « Passer en mode transformation » et le programme performance RSE by AD’OCC. L’objectif est d’arriver à transformer ses enjeux en leviers de compétitivité et de performance pour nos entreprises. Par ses Programmes d’Expérimentation, chaque année, la Cité de l’Économie et des Métiers de Demain de Montpellier travaille à des tests grandeur nature sur une évolution souhaitée du travail. Elle a abordé l’espace de travail de demain, le temps de travail et l’engagement, l’intégration de l’IA dans le travail. Les résultats sont publiés dans ses Cahiers d’Expé. Pour encourager le télétravail, les usages numériques et le maintien des activités économiques, la Région accompagne des tiers-lieux sur tout le territoire. Elle a créé le label « Tiers-Lieux Occitanie » pour rendre plus visibles ces espaces de coworking et de coopération, et constituer un réseau régional. Ces évolutions interrogent l’usage même du bureau : lieu d’échange, d’innovation, de lien social plus que simple espace de production. Ensemble, construisons un modèle de travail plus agile et plus humain, au service de la performance économique de nos entreprises. »
Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie délégué au Développement économique, à l’innovation. à l’emploi et à la réindustrialisation et viceprésident de l’agence Ad’Occ.
Notes
[1] La présente étude a été réalisée par l’agence Big Happy en agrégeant un certain corpus de données sur les requêtes sémantiques de Google de façon mensuelle de 2021 à 2024 en France et en Occitanie, en remontant parfois jusqu’en 2019, année de référence pré-Covid. Les clés d’entrée analysées sont les suivantes : télétravail, flex office, flexibilité du travail, rythme télétravail. En partant de ces clés d’entrée, Big Happy
cartographie ainsi l’ensemble des requêtes associées au sujet. Le corpus final retrace donc 632 verbatims
différents. En Occitanie, cela équivaut à 133.583 recherches étudiées mensuellement sur la
même période.