En Occitanie comme ailleurs, des médias publics toujours un peu dans le flou

Bien que la création d’une holding commune entre télévision et radio s’éloigne à la faveur de la crise politique, l’inquiétude demeure chez les salariés de l’audiovisuel public. Côté radio, le dialogue a été renoué avec la direction nationale. Avec la mise en avant de la marque commune Ici, les directions de France 3 et d’Ici Occitanie espèrent continuer plus fortement leur développement sur le numérique.

Première rentrée de septembre commune sous la bannière Ici Occitanie pour la télévision et la radio publique locale occitane et leurs supports numériques. Mais lorsque Pierre Esplugas-Labatut, le président du musée des Abattoirs de Toulouse qui accueillait l’événement, leur a demandé « comment avançait cette BBC à la française naissante », les dirigeants des deux médias ont ri un peu jaune. « Pas de mariage forcé, puisque pas de holding pour le moment », lance Claire Combes, directrice de France 3 Occitanie. En effet, la chute attendue du gouvernement Bayrou va très certainement repousser à plus tard la création controversée d’une holding France Médias rassemblant France Télévisions, Radio France et l’Ina.

Mais les inquiétudes n’en demeurent pas moins importantes du côté des salariés de l’audiovisuel public. Il y a une semaine, la rentrée radiophonique de Radio France avait été impactée par une grève de plusieurs jours « contre la stratégie éditoriale et les réformes menées par la direction dans un contexte d’économie ». Le devenir d’Ici (nouvelle identité de France Bleu depuis janvier) était l’une des sources de préoccupation majeure. La mise en place d’une programmation musicale unique à heure précise sur tout le réseau et un nombre jugé trop important de chroniques nationales imposées ont notamment crispé en interne. À Ici Occitanie, une partie de la rédaction s’est mobilisée dès le lundi 25 août, jour de reprise de la grille d’automne.

Le conflit social a pu toutefois trouver une issue en début de semaine, le lundi 1er septembre. Syndicats et direction d’Ici ont convenu de la mise en place cet automne, dans chaque locale, « d’une réunion de travail pour échanger sur la grille de rentrée et y apporter les ajustements nécessaires, notamment faire mieux entendre les spécificités locales de chaque station ». Les modalités de ces réunions seront fixées après consultation des directeurs de locales et en concertation avec les organisations syndicales. « On ne peut que saluer le fait que le dialogue s’installe avec la direction mais on va être très attentif à comment vont être mises en œuvre ces réunions. Ce qui nous importe, c’est que la qualité des programmes radio au plus près du terrain soit préservée », confie une représentante du SNJ [1] d’Ici Occitanie.

« Nous vivons un moment de transformations », reconnaît Bruce de Galzain, le directeur d’Ici Occitanie. « Mais je crois que la direction a en tête de garder les spécificités de chaque locale. Nous allons faire un bilan de cette nouvelle grille tous ensemble au mois de novembre. C’est une bonne idée d’impliquer davantage les équipes. »

Priorité au numérique et année politique très chargée

Du côté de France 3 Occitanie, on met en avant les succès d’audience des journaux régionaux. « Nous avons eu des pics à un peu plus de deux millions de téléspectateurs. L’été fut bon avec des records d’audience », se réjouit Claire Combes. « La mise en place de la nouvelle formule des JT après la suppression des journaux nationaux de France 3 n’a pas forcément été facile au départ mais ces bons résultats prouvent que cela fonctionne », considère Franck Omer, rédacteur en chef France 3 Occitanie Toulouse.

Avec la nouvelle marque Ici, les deux médias misent de plus en plus sur le numérique [2]. Pas de site commun mais radio et télévision se partagent une application commune sur smartphone. Où l’on croise toutefois encore des doublons, faute d’avoir trouvé pour le moment des systèmes de coordination suffisamment efficaces. « Nous fléchons quasiment l’ensemble de nos moyens pour aller chercher d’autres publics sur le numérique », affirme Fabrice Valéry, délégué antennes et contenus de France 3 Occitanie. Parmi les nouveautés de la saison, un concours de jardinage, coanimé par l’animatrice Ariane Brodier et l’influenceur Marcelarium, aux plus de 399.000 abonnés sur Instagram.

Pensée pour le numérique également, une série documentaire sur l’affaire Jubillar dont le procès va débuter le 22 septembre. Ce programme en sept épisodes, nommé "Affaire Jubillar, anatomie d’une disparition", va raconter les différentes étapes d’un fait divers qui a marqué bien au-delà du Tarn, puisque le corps de Delphine Jubillar n’a jamais été retrouvé. Mise en avant ce jeudi 4 septembre, jour de son lancement sur la page d’accueil de la plateforme France.tv, cette coproduction France 3 Occitanie espère atteindre les chiffres d’audience de la série fantastique Bugarach, imaginée pour attirer un public jeune et qui avait dépassé les 2,8 millions de visionnages en 2024.

Outre le procès Jubillar, qui va aussi largement occuper télévision et radio à travers podcast, chroniques, reportages et éditions spéciales, l’année va être très riche en actualité avec une dominante très politique. « Nous aurons au minimum des élections municipales à couvrir. Et, possiblement, des élections législatives dans les semaines ou mois qui viennent. France 3 va nous donner des créneaux spéciaux pour des débats et des émissions spéciales. Nous n’avons pas fini de beaucoup travailler et d’avoir quelques sueurs froides », résume avec un ton un peu pince-sans-rire Franck Omer.
Matthias Hardoy

Sur les photos : La rentrée d’Ici Occitanie au musée des Abattoirs de Toulouse le 4 septembre. // Patrick Noviello et Fabrice Valéry de France 3 Occitanie. // Sur la scène, l’influenceur Marcelarium et l’animatrice Ariane Brodier, qui vont coanimer une compétition de jardinage pensée pour le numérique de France 3 Occitanie. Sur l’écran, les journalistes Jeanne-Marie Marco et Clémence Fulleda, qui coaniment la matinale d’Ici Occitanie (ex-France Bleu) avec Franz Massard et Sébastien Brethenou. Crédits : Rémy Gabalda - ToulÉco.

Notes

[1Syndicat national des journalistes.

[2France 3 Occitanie revendique 47 millions de visites cet été sur ses supports numériques. Le média serait à l’origine de 25 % des contenus régionaux numériques de France 3.

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Source : https://www.touleco.fr/En-Occitanie-comme-ailleurs-des-medias-publics-toujours-un-peu,48019