Face à la crise budgétaire, le Medef Occitanie appelle à plus de décentralisation

Pour sortir de la crise politique et budgétaire, le Mouvement des entreprises de France (Medef) propose des mesures économiques libérales mais aussi plus de décentralisation et une écoute plus attentive des corps intermédiaires. Samuel Hervé, président du Medef Occitanie, va défendre ses idées, notamment auprès des députés et sénateurs occitans.

Il revient de la REF 2025 du Medef gonflé à bloc. Samuel Hervé, président du Medef Occitanie, veut défendre de façon encore plus visible la parole des chefs d’entreprises occitans auprès des médias et des acteurs publics. Dans une situation de crise budgétaire et politique de haute intensité, le syndicat patronal souhaite faire entendre ses propositions. Avec des économistes et des chefs d’entreprises regroupés sous le label de « Front économique », le Medef national présidé par Patrick Martin a fait trente-cinq recommandations face au « contretemps économique français » [1].

Affable, le président régional, dirigeant-fondateur du groupe Akté Restauration, n’en est pas moins sévère dans son analyse. « Si les systèmes n’évoluent pas, ils meurent. D’un décrochage, la France peut passer à un véritable déclassement économique. Les incertitudes budgétaire et politique font que les dirigeants préfèrent thésauriser qu’investir », estime le patron des patrons occitans.

Pour sortir de la crise, Samuel Hervé met en avant plusieurs pistes. Il appelle notamment « à plus de décentralisation » avec des Régions qui pourraient gagner encore en compétences économiques. « Les élus régionaux peuvent être plus proches des chefs d’entreprises locaux. Ils sont aussi plus à portée d’engueulades des citoyens de leur territoire », résume le représentant patronal localisé près de Montpellier.

Défense du paritarisme et des aides à l’apprentissage

Il défend par ailleurs le rôle des corps intermédiaires et le paritarisme [2]. « Le paritarisme à la française ne fonctionne pas si mal. Avec les syndicats des salariés, nous ne sommes pas si éloignés que ce que l’on imagine. Je sens, pour la plupart d’entre eux, le souci que notre outil productif survive. Nous arrivons à signer des accords nationaux et le système de retraite complémentaire Agirc-Arrco que nous avons en cogestion dégage des excédents, par exemple. Il faut préserver et, pourquoi pas, amplifier ce principe de cogestion », considère le président du Medef Occitanie.

Autre sujet majeur pour le dirigeant montpelliérain, la question de l’apprentissage. « Les coupes budgétaires liées à l’apprentissage (dont la baisse des primes à l’embauche) sont une très mauvaise idée. On parle de plus d’un milliard d’euros. Beaucoup d’employeurs vont renoncer à prendre des apprentis faute de soutien suffisant. Dans les CFA d’Occitanie, il y a 50 % d’effectifs en moins. C’est dommageable alors que c’est un très bon système », déplore Samuel Hervé. Il souhaite que, dans les jours et mois qui viennent, son organisation aille de façon énergique à travers le territoire d’Occitanie expliciter, auprès notamment des députés et sénateurs occitans, la vision du Medef.

« Il faut réformer le système social français avec l’idée que le travail doit être toujours plus rémunérateur que le non-travail. Certains estimeront que c’est durcir la vie des Français, mais c’est aussi promouvoir la valeur travail, encourager la mobilité professionnelle, donner de la noblesse à tous ces métiers porteurs de sens », juge le patron des patrons d’Occitanie.
Matthias Hardoy

Sur la photo : Samuel Hervé, président du Medef Occitanie. Dirigeant de Akté Restauration situé prés de Montpellier. Crédit : Remy Gabalda - ToulÉco.

Notes

[1Parmi les propositions : « réduction des impôts sur la production des entreprises en contrepartie de la suppression des dispositifs fiscaux et les aides les moins efficaces » ; « pour contrer la baisse de la natalité, mise en place d’allocations familiales dès le premier enfant et mise à contribution de façon rémunérée des retraités pour épauler le personnel de la petite enfance » ; « décentraliser partiellement la fiscalité au niveau local pour des décisions économiques au plus proche du terrain » ; « introduire une dose de capitalisation dans le système de retraite » ; « moduler les financements publics aux formations universitaires en fonction des débouchées de celles-ci » ou encore « augmenter le temps de travail notamment en assouplissant les possibilités de recours aux heures supplémentaires »

[2Cogestion d’un certain nombre d’organismes par un nombre égal de représentants des employés et des employeurs.

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Source : https://www.touleco.fr/Face-a-la-crise-budgetaire-le-Medef-Occitanie-appelle-a-plus-de,47985