
Est-ce que vous trouvez que la France soutient assez la création culturelle ?
Je me souviens, tout jeune, avoir déposé un dossier d’aide pour un court métrage et ça n’avait pas marché. La réponse que j’avais eue à l’époque, c’était que mon message n’était pas assez clair. Et moi ma démarche était justement de travailler sur le rêve et l’abstrait… J’ai donc trouvé une autre façon de m’exprimer : j’ai acheté une caméra et je me suis lancé comme indépendant. Mais vous savez, d’une façon générale, je trouve suspect un soutien trop appuyé d’un État pour la culture. Il y a dans la création artistique une forme de rébellion qui est contradictoire avec un encadrement officiel…
Pour la création, vous préférez la France ou les États Unis ?
Dans toute création artistique, il y a l’inspiration et l’exécution. En France, c’est plutôt l’inspiration. Il y a Paris, bien sûr. Et je retourne tous les étés dans ma maison en Lozère. Il y a là un contraste encore plus radical... Et puis les gens y sont différents et ne sont pas animés des mêmes ambitions. C’est très enrichissant d’être avec eux. Je termine d’ailleurs un documentaire sur ma tante qui était institutrice en classe unique dans le Gard.
Mais New York est plus propice à l’exécution. Je peux me lever avec une idée le matin, et la réaliser en quelques jours, ce qui est impossible à Paris. Les choses sont plus chères aux USA, mais l’argent circule plus vite. J’ai conscience qu’en oscillant entre New York et Paris je suis assez privilégié…
Comment vous voyez la création culturelle évoluer ?
Le contexte est de plus en plus propice. Mais je me méfie de ce qu’il y a sur Internet. Il y a une sorte de facilité à diffuser de l’information qui fait que le résultat est un peu trop rapide par rapport à une œuvre de création. Auparavant, il y avait une sélection par l’effort qui était faite. Les fanzines nécessitaient d’être proche des photocopieuses, de mettre les mains dans l’encre et le papier… Aujourd’hui, on a accès à des blog de jeunes filles totalement inintéressants, et qui font des millions de visites.
Quelles pistes proposez-vous ?
Je suis en train de proposer un système pour fabriquer des petits films en communauté. Il s’agit d’un divertissement calqué sur le principe de mon dernier film, « Soyez sympa Rembobinez » (ndlr : Be kind, Rewind) et où je propose aux personnes d’écrire et de faire leur propre film en trois heures. Le système a été fait dans une galerie à New York et on a eu plus de 1000 participants. C’est un peu comme un karaoké, en plus sophistiqué. Avec des décors, une caméra, etc.
J’aimerai assez le faire en France, pourquoi pas dans des quartiers difficiles. Après, on pourrait s’envoyer les projets par la poste et créer ainsi une sorte de réseau parallèle qui court-circuite l’internet. En fait, j’aimerai assez que l’idée fasse boule de neige…
Recueillis par M.V.
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