"Recruter un nouveau collaborateur est stratégique pour l’entreprise. C’est une démarche qui peut s’avérer laborieuse et coûteuse. De ce fait beaucoup d’entreprises, dans l’espoir de minimiser les risques, sont tentées de recruter des profils standardisés.
Pour se rassurer les recruteurs vont ainsi privilégier des candidats qui leur ressemblent. Parcours similaire, même diplôme, mêmes écoles, c’est ce qu’on appelle l’effet miroir.
Le contexte économique dans lequel nous sommes accentue ce besoin de sécurisation.
Néanmoins c’est selon moi une grave erreur.
Je considère la diversité comme une richesse fondamentale pour la réussite et la performance des organisations.
Si nous avions quinze premières lignes dans une équipe de rugby aurions-nous des chances de gagner ?
Le raccourci est facile, mais proche de la réalité.
D’autre part l’entreprise qui cherche à recruter a une fâcheuse tendance à se fixer des exigences démesurées et des critères de recrutement qui augmentent considérablement les difficultés du service des ressources humaines. Résultat, plus de 40 % des prévisions d’embauche sont considérées comme difficiles, proportion qui passe à 47 % pour le recrutement des ingénieurs et cadres ! Les conséquences sont donc loin d’être neutres.
Cette recherche absolue du profil standard linéaire est catastrophique.
Alors comment faire ?
Nous assistons depuis quelques années au développement des réseaux sociaux. C’est selon moi à terme la mort annoncée du CV.
Ce recrutement 2.0 ou digital a pour effet de se concentrer sur les compétences.
Ce type de sourcing sans CV est une approche plus propice à la diversité. Nous nous concentrons alors sur les attentes du candidat, ce qui permet de bien vérifier qu’il y a adéquation entre le besoin exprimé par l’entreprise et les souhaits de chaque postulant.
Pour qu’un candidat exprime pleinement ses capacités il faut qu’il soit dans un environnement qui le lui permette. Et tout cela n’est pas écrit dans un CV.
Quelles sont les clés qui vont permettre à l’entreprise de réussir ses recrutements ?
Le message doit passer en interne. Une sensibilisation auprès des managers est ainsi nécessaire, afin de savoir comment bien définir le besoin, comment mener un entretien, et d’être clair sur le processus de décision.
Toutes ces actions permettront aux recruteurs de mieux définir ses attentes en termes de compétences, en lien avec le poste, et par la même occasion de diminuer considérablement le risque d’erreur liée à l’effet miroir ou aux stéréotypes.
En conclusion je dirais que le conformisme est un réel appauvrissement pour l’entreprise.
Certes il peut faire gagner du temps, à court terme, mais cette recherche systématique du parcours linéaire et du profil standard diminue les chances de réussite d’une embauche.
Les entreprises qui recrutent des clones se privent d’un enrichissement considérable d’expériences et d’innovations. Celles qui s’ouvrent à la diversité se dotent, elles, d’une source inépuisable de richesse. De nombreuses études ont d’ailleurs démontré qu’elles étaient nettement plus performantes que celles qui ont constitué des équipes homogènes.
Recruter sans CV, c’est permettre à des candidats qui n’auraient pas « le profil » d’accéder à l’entretien qui, lui, reste le meilleur moyen pour recruter. Et si cela ne suffit pas, les tests psychométriques peuvent finir de convaincre l’employeur.
Alors osez !"
Xavier Héry, dirigeant fondateur du cabinet Tholosia RH
Photo DR.
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