La conjoncture économique impacte-t-elle vos cabinets ?
Éric Gillis : Elle impacte surtout nos clients. Le dernier rapport de notre Observatoire de l’activité des PME enregistre une diminution de leur chiffre d’affaires mais le plus inquiétant est qu’il s’agit du septième trimestre consécutif ! Le climat d’incertitude total - économique, politique, réglementaire - pèse sur le moral des chefs d’entreprise tout autant que sur leur activité et leurs projets d’investissements. Et, pour nous experts-comptables, sans visibilité sur le budget, sans stabilité fiscale, sans signaux clairs, il est très compliqué de les conseiller. Impossible d’anticiper.
À cela s’ajoute le fait que nous entrons en année électorale. Allez-vous participer à la campagne ?
Marc Siré : C’est vrai, les élections ajoutent encore de l’incertitude par rapport à la commande publique. Nous sommes apolitiques. En revanche, nous allons définir un certain nombre de sujets sur lesquels nous interrogerons les candidats, au moins ceux de Montpellier et Toulouse : fiscalité locale, politique de la ville, transports… Tout ce qui impacte directement ou indirectement les entreprises nous intéresse et nous touche de près.
D’autre part, nous allons sensibiliser les prétendants à la mairie sur leurs obligations comptables. Les confirmés sont rodés à l’exercice mais les “petits” candidats ignorent parfois que leurs comptes de campagne doivent être bien documentés et certifiés par un expert-comptable pour leur être remboursés.
Dans ce contexte, vous souhaitez remettre au centre les missions régaliennes de l’Ordre.
É. G. : Elles constituent notre colonne vertébrale. Le tableau, la déontologie, la lutte contre l’exercice illégal et la qualité sont les quatre piliers de l’Ordre. S’y ajoutent la gestion du stage et la formation. Or, les temps sont compliqués et c’est la raison pour laquelle nous nous devons d’être une vigie : les dérives se produisent toujours quand la mer est agitée...
On ne le répètera jamais assez : la facturation électronique va engendrer un véritable bouleversement. Et l’échéance approche à grands pas...
É. G. : En effet, c’est une réforme majeure qui entrera en application dans quelques mois. Dès fin septembre, nous allons organiser un tour d’Occitanie, en collaboration avec la DRFiP, le Medef, la CPME et l’U2P, pour continuer de sensibiliser les chefs d’entreprise. Le message que nous leur adressons est simple : avant de choisir une plateforme, parlez-en à votre expert-comptable ! Les outils se sont multipliés ces derniers mois et tous ne se valent pas. Nous nous devons de les guider dans ce choix stratégique.
Quels autres défis vous semblent prioritaires ?
M. S. : La formation. Notre nouvel institut de formation continue, « Trajectoire », nous permet de mieux répondre aux besoins de nos confrères. Du côté de la formation initiale, une réforme est en cours visant à moderniser les parcours et intégrer des compétences transverses et incontournables : data, intelligence artificielle, cybersécurité, durabilité… Autant de sujets auxquels nous devons nous adapter mais qui représentent, aussi et surtout, une formidable opportunité d’élargir notre panel de compétences et de travailler en interprofessionnalité. Aujourd’hui, nos enjeux dépassent de loin le champ de la comptabilité.
Enfin, vous venez de déposer un dossier de candidature en vue d’un gros - très gros - événement. Lequel ?
É. G. & M. S. : Nous espérons accueillir à Toulouse en 2028 le Congrès national, qui réunira plus de 10 000 experts-comptables et partenaires de la profession. Le dernier congrès à Toulouse remonte à 2006. Ce serait un formidable vecteur de rayonnement pour notre région et une immense fierté collective. On croise les doigts car Bordeaux et Lille se sont aussi portées candidates.
Avant cela, et à l’échelle régionale, notre Assemblée générale se tiendra à Toulouse le 3 octobre prochain. À cette occasion, nous remettrons un chèque de 33.000 euros à l’association L’Enfant bleu [1], que nous parrainons cette année.
Ces événements sont essentiels pour créer du lien, partager nos bonnes pratiques, ils montrent une profession vivante. Et l’AG 2025 devrait de nouveau marquer les esprits puisqu’après le succès de Patrick Bruel l’an dernier, nous aurons cette fois la joie d’assister à un concert privé de deux artistes bien connus à Toulouse... Et ailleurs !
Propos recueillis par Marie-Dominique Lacour
Photo : Éric Gillis et Marc Siré, président et premier vice-président de l’ordre régional des experts-comptables d’Occitanie. Crédit : Croec Occitanie.
Notes
[1] Association de lutte contre les maltraitances infantiles