Damien Charrier, pourquoi ce déplacement en Occitanie ?
Nous avons vécu cette année un Congrès national de l’Ordre des experts-comptables à Lyon, qui a célébré les 80 ans de l’ordonnance de 1945 entérinant la création de notre ordre. À cette occasion, j’ai pris l’engagement de me rendre dans les dix-huit territoires où nous sommes présents en France afin de parler de l’actualité de la profession et expliquer les axes de la mandature actuelle, qui a débuté il y a un peu moins d’un an.
Quel peut-être le rôle de l’Ordre et des experts-comptables dans le très incertain contexte politique actuel ?
D. C. : Nous sommes une profession réglementée sous tutelle du ministère des Finances. Nous avons donc un devoir de réserve sur tout ce qui est politique nationale et fiscale. Le contexte actuel n’est toutefois pas sans impacts. Le dialogue que nous entretenons avec les cabinets ministériels est interrompu mais nous continuons de travailler avec les administrations. Les experts-comptables doivent continuer d’agir et d’accompagner au mieux les dirigeants dans un climat d’incertitude complexe.
Éric Gillis, une bonne nouvelle a été annoncée pour le conseil régional de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie. Toulouse accueillera le congrès national de l’Ordre des experts-comptables en 2028. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Absolument, la Ville rose va recevoir le Congrès national dans trois ans, au Meett. L’effectif est croissant pour le congrès, d’année en année. Sur le dernier congrès à Lyon, il y avait 9800 confrères et 310 partenaires. Au total, si l’on compte en plus tout ceux qui œuvrent à l’organisation, on frôle vite les 15.000 personnes. C’est l’un des congrès professionnels les plus importants en Europe. Nous ne sommes pas novices en Occitanie dans l’accueil d’un congrès national puisque nous l’avons accueilli à Montpellier en 2022. Une partie de l’équipe qui était au conseil régional de l’Ordre à l’époque est encore dans notre équipe actuelle. L’expérience acquise à Montpellier pourra nous être bénéfique pour penser ce congrès de 2028.
Une autre annonce a été faite en présence du maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole...
É. G. : Oui. Nous avons proposé à Jean-Luc Moudenc de signer une convention pour aider la Métropole sur les sujets d’entrepreneuriat et d’emploi dans les quartiers prioritaires de la ville. Nous voulons montrer que nous sommes présents, et dans l’accompagnement, partout.
La facturation électronique va enfin être mise en place en septembre 2026. Les entreprises sont-elles prêtes ?
D. C. : Nous sommes très contents que le calendrier de mise en place de la facturation électronique soit définitivement fixé. Nous avons produit, au sein de l’Ordre, un nombre certain d’études sur le sujet. Selon une étude faite récemment avec Opinion Way sur le niveau de préparation des entreprises, 27 % seulement des chefs d’entreprises se disent bien informés. On peut se dire que c’est assez peu et qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire. Mais quand on rentre dans les détails, l’impression est différente. Les dirigeants nous disent qu’ils n’ont pas encore fait le choix de la plateforme agréée qu’ils vont utiliser. Mais c’est normal, il y en a 107 ! Beaucoup disent attendre de l’information de leur expert-comptable pour choisir. Et c’est très sain. Nous avons pris l’engagement de faire un guide de toutes ces plateformes à partir de dix-huit critères.
Il y a des plateformes sectorielles ou pas avec des niveaux de coûts très différents. L’objectif est que les entreprises aillent voir leur expert-comptable et fassent un choix éclairé, agnostique de tout discours commercial.
É. G. : En région, sur la facturation électronique, nous agissons de concert avec le Conseil national. Localement, nous avons une action avec la Direction régionale des finances publiques (DRFIP) et les syndicats patronaux : le Medef, la CPME et l’Union des entreprises de proximité (U2P). Nous allons réaliser ensemble un tour d’Occitanie de la facturation électronique, en nous appuyant sur nos associations d’experts-comptables dans les départements. L’objectif est de rencontrer des chefs d’entreprises et de leur faire passer l’idée qu’avant de choisir une plateforme agréée, il faut en discuter absolument avec son expert-comptable. Notre profession est la plus à même d’accompagner les dirigeants dans ce choix stratégique.
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L’évolution de la formation des experts-comptables est une priorité pour vous deux. Où est-on ?
D. C. : Cela avance. Notre vice-président national en charge de la formation est Occitan. C’est Pascal Castanet, ancien président de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie. Pendant le congrès de Lyon, nous avons reçu des délégués du ministère de l’Éducation nationale et mille étudiants de la filière. 90 heures vont être intégrées dans les programmes sur les enjeux de durabilité ainsi que des modules sur des compétences nouvelles en matière d’évolution des systèmes d’informations. C’est primordial, à l’heure de l’IA notamment.
Propos recueillis par Matthias Hardoy
Sur la photo : Damien Charrier, président du conseil national de l’ordre des experts-comptables, et Éric Gillis, président du conseil de l’Ordre des experts-comptables d’Occitanie. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.