Maison Labeur, histoires de familles

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Depuis trois générations, la Maison Labeur accompagne les familles endeuillées. L’entreprise de pompes funèbres, née à Cornebarrieu en 1966, continue de se développer avec humanité.

Paulette et Christian Labeur portaient bien leur nom. « Des acharnés de travail », soupire Carine Emery, dirigeante des pompes funèbres Maison Labeur et petite-fille des fondateurs. Enfant, déjà, entourée de sa famille d’entrepreneurs, elle se rêve cheffe d’entreprise. N’importe laquelle… Sauf la plus évidente : « L’entreprise était au centre de la famille. Ils en parlaient à table, le week-end, se fâchaient parfois… Tout se mélangeait, je ne voulais pas de ça », se souvient-elle.

Et pourtant. « De jobs d’été en CDD pour dépanner », la troisième génération mesure le chemin parcouru par ses grands-parents pour faire prospérer l’affaire familiale et, surtout, s’y sent utile. Assistée de son cousin Gabriel et de son frère Jonathan, Carine Emery reprendra finalement l’entreprise en 2020, succédant à ses oncles, en instaurant une vraie séparation entre vie pro et vie perso. « On a appris des anciens et mis en place un cadre. Mon conjoint travaille dans un domaine totalement différent, et c’est tant mieux : l’entreprise est très importante mais pas toute ma vie », résume-t-elle.

Des métiers porteurs de sens

Aujourd’hui, en plus du siège de Cornebarrieu, Maison Labeur dispose de deux magasins, à Blagnac et Colomiers ; elle compte une vingtaine de salariés, et fait appel à un thanatopracteur externe. L’entreprise s’est récemment agrandie, passant de quatre à sept salons funéraires et sa présidente n’exclut pas de nouvelles ouvertures, notamment à Toulouse. Elle entend aussi développer prochainement « de nouveaux services autour du deuil », sans détailler : dans ce milieu plus concurrentiel qu’il n’y paraît, mieux vaut garder ses secrets.

Contrairement à une autre idée reçue, les métiers des pompes funèbres, porteurs de sens, ne souffrent pas de la crise des recrutements : le secteur bénéficie de formations rapides et certifiantes, prisées des jeunes comme de leurs aînés en reconversion. « La plus grosse difficulté aujourd’hui, c’est de trouver des gens avec le permis de conduire », indique la dirigeante, qui se félicite de son faible turnover. Au sein des pompes funèbres, les tâches sont bien réparties : le porteur rapatrie le défunt, le conseiller funéraire se charge de l’organisation des obsèques. Mais le poste le plus complexe est sans conteste celui du maître de cérémonie. « Son rôle crucial consiste à comprendre qui était cette personne pour ses proches, et mettre les mots justes », explique Carine Emery.

Le grand tabou

La mort fait-elle encore partie de la vie ? Dans nos sociétés modernes, on l’aborde du bout des lèvres, gêné d’avoir dit presque un gros mot, comme pour s’excuser qu’elle existe. « Il y a encore quelques décennies, on veillait ses morts. Aujourd’hui, on s’en tient éloigné », constate Carine Emery. Antan, le défunt restait dans la maison durant quelques jours, le temps de préparer son inhumation ; les salons funéraires ont pris le relais. Bonne, ou mauvaise chose, chacun aura son avis sur le sujet. « Cela impacte probablement la manière dont on fait son deuil et notre rapport à la mort », suppose Carine Emery.

Le respect du défunt est la pierre angulaire des valeurs de Labeur. Sans doute, il y a des choses auxquelles on ne peut s’habituer, même chevronné, même après des années. « Les enfants, évidemment. Et puis, certaines familles nous touchent plus que d’autres, il faut réussir à ne pas se laisser happer par leur douleur tout en restant empathique », explique-t-elle. Plus rarement, on rit, aussi. « Ce fan de Star Wars habillé en Dark Vador dans son cercueil me fait encore sursauter, quand j’y pense », sourit Carine Emery. L’histoire ne dit pas s’il a été enterré le 4 mai.
Marie-Dominique Lacour

Sur la photo : Carine Emery et ses associés (ses deux frères, son oncle et son cousin). De gauche à droite : Jonathan Marino, Carine Emery, Gabriel Labeur, Christophe Labeur, Steeve Marino. Crédit : Maison Labeur.

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Source : https://www.touleco.fr/Maison-Labeur-histoires-de-familles,47490