Patricia Lyautey-Carcenac, présidente de FCE 31 : « Un seul mot d’ordre, l’entraide »

article diffusé le 27 mars 2025

Patricia Lyautey-Carcenac dirige un cabinet de conseil et gestion privée à Toulouse. Depuis janvier 2025, elle préside également la délégation toulousaine du réseau national Femmes chefs d’entreprises (FCE), succédant à Hélène Vié. Face à une conjoncture difficile, la nouvelle présidente veut resserrer les liens : l’entraide comme arme pour rompre la solitude et lever les freins qui continuent d’entraver l’entrepreneuriat au féminin.

Le réseau Femmes chefs d’entreprises a été créé en 1945 par Yvonne Foinant, une industrielle française. Que raconte son histoire de votre raison d’être ?
Yvonne Foinant était une vraie pionnière, la première femme élue à la CCI et au Medef [1] ! Au début du XXe siècle, elle dirige une fonderie avec son mari. Lorsque celui-ci part à la guerre, puis après son décès, elle tiendra les rênes de l’entreprise et lancera FCE dans le but de regrouper les femmes dans la même situation. Tout cela véhicule les valeurs de partage et d’entraide qui perdurent dans notre association.
Aujourd’hui, le mouvement national réunit plus de 2000 femmes qui représentent plus de 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulé. Il est présidé par la Toulousaine Anouk Déqué. Quant à la délégation haut-garonnaise, elle est la plus grande de France avec 130 adhérentes.

Concernant l’entrepreneuriat des femmes, les choses semblent progresser. Certains freins persistent, cependant...
Oui, bien sûr. L’accès au financement est moins bon. À cause des stéréotypes de genre, les femmes obtiennent moins de crédits que les hommes à la banque et elles lèvent moins de fonds. En réponse, nous avons conclu un partenariat avec la Caisse d’Épargne, qui regarde attentivement les dossiers que nous lui présentons. Les femmes ont également moins d’accès aux programmes de mentorat et d’accompagnement et leur équilibre entre vie pro et vie perso reste bien plus compliqué à atteindre que pour un homme. Enfin, il existe plusieurs freins psychologiques. Par exemple, le syndrome de l’imposteur concerne très majoritairement les femmes. L’association permet d’apporter de la confiance, de demander conseil.

Le fil conducteur de votre mandat sera l’entraide. Pourquoi est-ce crucial ?
Entreprendre est un métier solitaire et, pour les femmes, c’est encore pire. Or, bien souvent, lorsque l’on rencontre une difficulté, échanger avec des personnes qui ont déjà vécu des situations similaires et partagent le même quotidien permet de trouver une solution. Et puis, 2024 était une année très difficile économiquement, 2025 ne s’annonce pas beaucoup mieux... Alors, autant s’entraider ! Je crois immensément en la force du collectif. Toute seule dans son bureau, on ne fait rien.

L’association est ouverte à toutes les femmes, entrepreneures et solopreneures ?
Et aussi aux cadres dirigeantes, de tous secteurs. Les profils sont très variés : certes, nous avons beaucoup de professionnelles du chiffre et du droit mais aussi deux agricultrices et plein de métiers atypiques ! C’est salutaire de briser l’entre-soi, et très enrichissant. Si je peux faire un vœu pieux, j’aimerais juste que nous ayons plus de représentantes de l’industrie et de la tech.
Concernant l’adhésion, la première année, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée de 167 euros. La cotisation annuelle coûte 267 euros et une participation est demandée pour les dîners. Nous attendons aussi de nos membres qu’elles se montrent proactives pour partager leurs connaissances.

À quelle fréquence vous réunissez-vous et dans quel cadre ?
Au niveau local, des ateliers, formations ou visites d’entreprises sont régulièrement proposés. En parallèle, nous nous retrouvons chaque mois lors d’un dîner, afin d’échanger autour d’une thématique, par exemple la protection du patrimoine du chef d’entreprise, la RSE, le Made in France ou encore l’intelligence artificielle... Généralement un sujet d’actualité, qui concerne tout le monde. Tous les ans, nous organisons aussi une grande soirée d’été et une autre pour Noël. Et en septembre, je prévois également d’organiser un séminaire car, à mon sens, il est indispensable de se retrouver ensemble quelques jours pour resserrer les liens.
Enfin, au niveau national cette fois, une grande fête se prépare pour les 80 ans du réseau, en octobre prochain.
Propos recueillis par Marie-Dominique Lacour

Sur la photo : Le nouveau bureau de FCE 31, de gauche à droite, Nathalie Avérous, Sylvie Roubach, Carole Serres, Patricia Lyautey-Carcenac, Carine Emery, Anne-Sophie Martuchou. Crédit : FCE.

Notes

[1Yvonne Foinant est la première femme élue à la Chambre de commerce de Paris en 1945 et également la première femme élue en 1947 au comité directeur du Conseil national du patronat français, ancêtre du Medef.

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco.fr/Patricia-Lyautey-Carcenac-presidente-de-FCE-31-Un-seul-mot-d,45935