Espionnage, brouillage, attaques cyber, armes nucléaires mises en orbite... La guerre se mène aussi dans l’espace, devenu un champ de confrontation entre nations. Les grandes puissances spatiales mondiales, États-Unis, Chine et Russie, sont engagées depuis plusieurs années dans une course pour la domination de l’espace, mettant la France au défi de muscler ses capacités dans ce théâtre hautement stratégique et de plus en plus militarisé.
En 2019, l’ancienne ministre des Armées, Florence Parly, avait détaillé une stratégie spatiale nationale de défense comportant la création d’un commandement militaire dédié à l’espace (CDE), placé sous la double tutelle de l’armée de l’Air et de l’espace et du chef d’état-major des armées. Six ans plus tard, mercredi 12 novembre, Emmanuel Macron, le président de la République, a inauguré le siège administratif du CDE implanté dans un nouveau bâtiment de 11.000 m2.
Bâti dans l’enceinte de la base aérienne 101 Général Robert Aubinière, il jouxte le centre d’excellence spatial de l’Otan, les locaux toulousains du Cnes, deux fabricants de satellites - Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space - et une dizaines de start-up, PME et ETI du spatial. "Nous franchissons ensemble une étape décisive", a estimé Emmanuel Macron, le chef des armées, s’adressant à un parterre de dirigeants d’entreprise tels que Guillaume Faury, patron d’Airbus, François Jacq du Cnes et Olivier Andriès, patron de Safran. "L’espace n’est plus un sanctuaire. Il est un champ de batailles", a-t-il ajouté, au côté de l’astronaute Thomas Pesquet.
Le CDE, un « outil de combat »
Le siège ultra-sécurisé est un véritable « outil de combat » dans lequel le ministère des Armées a investi 80 millions d’euros. Il réunit plusieurs entités, dont le centre de formation aux opérations spatiales militaires (CFOSM) et le centre militaire d’observation par satellites (CMOS). Avec une force de 500 personnes d’ici 2030, il mène une stratégie de défense qualifiée d’active, et non d’actions offensives, afin d’identifier les agressions. Ainsi, le CDE coordonne des moyens spatiaux d’observation (radars, téléscopes) et de contre-mesure (brouillage électromagnétique, lasers détruisants d’éventuels engins hostiles). Et, en 2026, il assurera le lancement de satellites brouilleurs.
Audrey Sommazi
Sur la photo de Une : Emmanuel Macron à son arrivée au Commandement de l’espace à Toulouse au son de la Musique de l’Air, le 12 novembre.
Sur la deuxième photo : Emmanuel Macron s’adresse à l’écosystème spatial et politique toulousain, le 12 novembre. Crédits : Pool presse / Rémi Benoit.
Des promesses aux agriculteurs
Avant l’inauguration du Commandement de l’espace, Emmanuel Macron avait participé à un échange organisé dans les locaux de La Dépêche du Midi au sujet de l’impact des réseaux sociaux sur la démocratie. Mais une autre rencontre, moins cadrée, s’est glissée dans son agenda du jour, puisque le président de la République a, pendant une heure et à la suite de la ministre de l’Agriculture, reçu des représentants d’agriculteurs, dans les locaux de l’Enac.
Si Jérôme Bayle, à l’origine de la mobilisation nationale il y a deux ans, s’est montré très déçu à l’issue de la rencontre, Jean-Marie Dirat, agriculteur dans le Tarn-et-Garonne et président de la FRSEA Occitanie, s’est de son côté montré plutôt satisfait. Le chef de l’État s’est en effet engagé sur plusieurs points : ne pas signer le Mercosur en l’état, le retrait des engrais du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et le classement de l’Occitanie en territoire d’exceptionnalité afin d’engager des expérimentations face au changement climatique. La FNSEA reste malgré tout vigilante et promet des actions si les promesses ne sont pas tenues.

