À Saint-Gaudens, les fumées blanches des chaudières de Fibre Excellence ne masquent plus le paysage. Et, depuis vendredi 17 octobre, le silence règne. Car l’usine de fabrication de pâte à papier blanchie, classée Seveso seuil haut, est à l’arrêt pour une durée de cinq semaines, jusqu’au 24 novembre. La hausse de 50 % du cours français du bois de trituration (résineux, feuillus) – la matière première servant à la fabrication de la pâte – justifie cette mesure qualifiée d’exceptionnelle, de temporaire et de préventive par le groupe. L’autre raison est la baisse de la demande européenne sur les six derniers mois. Résultats : Fibre Excellence a été contrainte d’augmenter ses coûts de production et n’a pas pu livrer plus de 20.000 tonnes de pâte sur les 260.000 tonnes qu’elle fabrique en moyenne par an.
« Par cet arrêt temporaire prévisionnel, Fibre Excellence agit en responsabilité, de manière préventive, afin d’assurer la pérennité du site et des emplois à long terme », explique l’industriel, propriété depuis 2009 de l’Indonésien Jackson Wijaya. « Fibre Excellence a pleinement conscience des conséquences de cet arrêt provisoire pour les salariés et s’engage pleinement pour en limiter l’impact », ajoute le groupe, qui se revendique premier producteur français de pâte à papier marchande.
Mesures contestées par la CGT
De fait, 90 % des 275 salariés du site de Saint-Gaudens ont cessé le travail. Reste à mettre en place le dispositif de l’activité partielle, étudiée par les services de l’État. Mais la CGT n’y est pas favorable. « Nous refusons que l’activité partielle devienne une variable d’ajustement, un outil mis à disposition des entreprises que les actionnaires n’hésitent plus à activer sans aucun complexe », avait réagi le syndicat à l’issue d’un Comité social et économique (CSE) extraordinaire, le 23 septembre dernier, lorsque la direction du site avait présenté la mesure.
D’ailleurs, à cette occasion, elle avait aussi annoncé l’imposition de jours de congés : six jours pour les salariés factionnaires et cinq pour les salariés journaliers. « Nous estimons que les congés auraient dû se faire sur la base du volontariat ou sous d’autres conditions, et non par contraints », avait alors estimé la CGT. « Depuis plusieurs années, Fibre Excellence Saint-Gaudens affiche de bons résultats financiers, avec une activité soutenue et des salariés engagés. Comment peut-on passer, en si peu de temps, d’une situation saine à une prétendue urgence financière ? », s’était interrogé le syndicat.
Audrey Sommazi
Sur la photo : L’usine Fibre Excellence à Saint-Gaudens. Crédits : Fibre Excellence.
