Vous avez aimé les débats plus que tumultueux autour du projet de loi de finances 2025, vous devriez adorer les houleuses controverses autour du projet de loi de finances 2026. Dans le monde associatif, on n’est pas d’humeur à rire jaune, l’angoisse domine. La baisse très importante des budgets aux collectivités locales a entraîné cette année une diminution très forte des subventions au monde associatif. Au Mouvement Associatif Occitanie, porte-voix du fait associatif en région, on ne cache pas une puissante crainte face à des coupes qu’on pressent encore plus importantes sur les budgets dédiés à soutenir les associations.
"L’inquiétude est immense pour la suite. Le projet de lois de finances 2026 pourrait être pire que le précédent. Cette année, les baisses ont eu des conséquences sur tout le territoire. Nous avons été tous concernés. C’est le modèle et le rôle des associations qui est en train d’être remis en cause. On entend de très nombreux discours sur la République, sur la lutte contre le séparatisme. Mais nous, nous sommes une digue sociale et républicaine concrète ! On voit le coût du soutien aux associations sans prendre assez conscience des missions réalisées au quotidien. Un nombre conséquent de Français continue de s’engager, à travers le bénévolat notamment, mais les pouvoirs publics se désengagent fortement. Dans certaines associations, monte un découragement. Le “À quoi bon ?” progresse", analyse Erwann Favre, délégué régional au Mouvement Associatif Occitanie.
Des propositions face à une précarité grandissante
Au niveau national, l’organisation qui représente plus de 700.000 associations, a réalisé une grande enquête sur la santé financière des association. [1]. Les résultats sont préoccupants.
45 % des subventions attribuées aux associations seraient en baisse, dont 20 % en forte baisse, ce qui aurait des conséquences sur la solidité financière des structures associatives. 50 % des associations signalent ainsi des problèmes importants de trésorerie. Un tiers des associations employeuses disposerait même d’une trésorerie inférieure à trois mois. En mars 2025, 69 % des associations employeuses interrogées déclaraient que le montant de leurs fonds propres était fragile ou nul. 35 % des associations se seraient tournées vers l’emprunt bancaire.
Une précarité grandissante qui aurait un impact sur l’emploi. 18 % des associations employeuses auraient décidé de ne pas remplacer le départ à la retraite de leurs salariés. 8 % des associations auraient mis en place des plans de sauvegarde de l’emploi ou procédé à des licenciements économiques.
Face à ce constant alarmant, le Mouvement Associatif a décidé de présenter aux pouvoirs publics une série de propositions. Parmi celles-ci, « simplifier les démarches bancaires pour les associations », « donner une visibilité sur plusieurs années sur les subventions et leurs baisses éventuelles », « rendre la fiscalité encore plus avantageuse lorsqu’on fait un don aux structures associatives » ou encore « alléger ou supprimer les taxes sur les emplois salariés pour les associations employeuses ».
En Occitanie, le Mouvement Associatif Occitanie fédère près de 80.000 associations autour d’une quinzaine d’organisations sectorielles ou thématiques. L’organisation compte six salariés à Toulouse et quatre à Montpellier. Elle œuvre dans tous les départements « pour représenter les associations et les accompagner dans leurs démarches administratives et dans leur développement ».
Matthias Hardoy
Sur la photo : Erwann Favre, délégué régional au Mouvement Associatif Occitanie. Crédit : Hélène Ressayres-ToulÉco.
Notes
[1] Cette enquête, menée en mars 2025, a recueilli près de 5557 témoignages de dirigeants associatifs, constituant un échantillon national représentatif d’associations de toutes tailles, tous secteurs d’activités et toutes régions.
