En excluant les véhicules les plus polluants des centres-villes, les zones à faibles émissions (ZFE) [1] ne vont-elles pas fragiliser les plus précaires ? Cette crainte de plus en plus exprimée, l’Adie Occitanie la partage. L’association, qui accorde des microcrédits, est « inquiète pour ses bénéficiaires ». 75 % d’entre eux ont des véhicules de plus dix ans qui ont plus de 150.000 kilomètres au compteur. S’ils veulent se rendre dans Toulouse, ils vont donc devoir changer de véhicule.
« Le changement climatique n’a pas un impact seulement sur les habitants des métropoles. Tout le monde veut s’impliquer dans la transition écologique, mais n’en a pas les moyens. Il faut inclure les plus faibles revenus pour leur permettre d’être des acteurs de cette transition », estime Christophe Nicaud, le directeur de l’Adie Occitanie. Sur la question de la mobilité, l’association agit déjà. En 2022, elle a enregistrée 504 microcrédits mobilité [2] pour un montant total de 1,8 million d’euros. L’association cite l’exemple de Cyrielle Liama-Vallet, massothérapeute à domicile, qui a pu remplacer son véhicule et ainsi poursuivre son activité grâce à cette aide.
Mais l’Adie va plus loin en aidant ses bénéficiaires entrepreneurs à trouver des fonds à taux zéro plus importants pour changer leur véhicule professionnel. En 2023, l’objectif de l’Adie Occitanie « est de compléter le financement actuel maximal de 15.000 euros pour atteindre les 17.000 euros ». Elle étudie aussi la possibilité de lancer son service de location de véhicules pour l’année 2023-2024.
Une série de propositions pour rendre la ZFE plus sociale
L’association appelle parallèlement l’État à réagir face à « un contexte de raréfaction des offres de voitures d’occasions et d’augmentation des prix des véhicules ». Selon l’Adie, « les aides actuelles sont trop restrictives et trop difficiles d’accès ». Elle préconise « d’étendre la prime à la conversion aux plus bas revenus et l’ouvrir aux primo-accédants », « de permettre à l’Adie d’avancer cette prime »,« de supprimer le critère de seuil d’émission des véhicules Crit’air 1 d’occasions » ou encore « de proposer des aides pour l’acquisition des véhicules Crit’air 2, hors ZFE ».
Laurent Tchatchoua, qui a reçu plusieurs microcrédits de l’Adie Occitanie, est particulièrement concerné par le sujet de la ZFE puisqu’il vend des véhicules d’occasion. Il « soutient à 100 % les propositions » de l’association et en formule une autre : « Il faudrait aussi des bornes de recharge pour les véhicules électriques partout et pas seulement dans certains quartiers favorisés de centre-ville. Cela peut encourager des gens à passer à l’électrique », considère l’entrepreneur.
Matthias Hardoy
Sur la photo : L’équipe de l’Adie Occitanie avec, au centre, Christophe Nicaud, son directeur régional. L’association qui accorde des micro-crédits s’engage pour aider ses bénéficiaires à changer de véhicules face au déploiement progressif des zones à faibles émissions sur le territoire. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.
Les chiffres de l’année 2022 :
- 1799 personnes financés / 1298 entreprises (+5 %) dont 2/3 de créations et 1/3 de développement.
- 7,7 millions d’euros de financement au total
- 33 % des bénéficiaires perçoivent des minimas sociaux, 49 % sont sous le seuil de pauvreté, 10 % viennent des quartiers populaires, 26 % d’une zone rurale, 45 % sont des femmes, 35 % ont moins de 30 ans.
- 1 euro confié à l’Adie rapporterait 2,53 euros à la collectivité.