​Aéronautique. À Tarbes, la PME Ségneré passe sous pavillon thaïlandais

La PME familiale Ségneré, fondée en 1965 par Paul Ségneré à Adé, près de Tarbes dans les Hautes-Pyrénées, ouvre une nouvelle page de son histoire. Placée en redressement judiciaire en février 2024 pour une période​ de dix-​huit mois, l’entreprise, spécialisée dans l’usinage, la tôlerie et la chaudronnerie, a été reprise en août 2025 par Agiliteam. Sous cette ​m​arque commerciale figurent déjà trois sociétés​ reprises en 2018 et 2020 - Spem Aero Coating à Bagnères-de-Bigorre, ADB Turning à Louey, deux villes des Hautes-Pyrénées​, et Lutec, à Cestas ​en Gironde​ - propriétés de Jinpao Europe. Cette filiale du groupe industriel thaïlandais Jinpao Precision Industry [1] emploie 120 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros.

Avec ce rachat, l’actuel dirigeant Jean-Michel Ségneré est sur le départ. Son frère Jean-Yves, qui s’était chargé de la direction administrative et financière​ en pleine tempête, au moment du Covid-19, a quitté l’entreprise. Mais les cent-cinquante emplois sont maintenus. « J’ai besoin de tous. Je prévois une croissance du CA de 20 % en dix-huit mois avec les embauches nécessaires et d’injecter des moyens financiers importants pour remettre le parc machine en état​ », assure Frédéric Bourgon, le directeur général de Ségneré, rebaptisée Agiliteam Adé, dont l’ambition, avec cette quatrième acquisition, est d’étoffer le portefeuille client et d’intégrer les métiers de tôlerie et d’usinage de moyenne dimension. « Nous devenons ainsi le groupe de la mécanique de précision intégrée pour les petites séries. »

Dette et ouverture du capital

Ségneré ne s’est pas remise de la crise sanitaire, inédite par sa brutalité et sa soudaineté. En 2020, le chiffre d’affaires a été divisé par deux et l​a PME familiale s’​était séparée de dix-sept personnes. Très dépendante d’Airbus, elle avait cependant ​vite réagi en mettant​ en place dès 2021 un plan de transformation d’une durée de quatre ans : elle ​avait notamment entamé la diversification de son activité en s’invitant sur différents marchés​ ​tels que le militaire, en produisant des pièces pour Dassault, ​l’aménagement des cabines et le mobilier outdoor. Mais, si le chiffre d’affaires ​était reparti​ à la hausse (8,5 millions d’euros en 2021 et 11,5 millions en 2022) cette stratégie industrielle avait creusé la dette. Le groupe, fragilisé également par la hausse du prix des matières premières​, avait même envisagé l’entrée d’un nouveau financeur au capital. Une solution qui n’avait pas abouti.
Audrey Sommazi​

Sur la photo : Illustration de l’activité de Ségneré. Crédit : Ségneré.