Aéronautique. Les défis de la sous-traitance pour produire dans les délais

Airbus a confirmé son objectif de produire 75 A320 par mois en 2026 : ce niveau inédit dans l’histoire de l’aéronautique donne du fil à retordre à la chaîne d’approvisionnement fragilisée par le Covid-19, la pénurie de certaines matières premières et les hausse des coûts.

« C’est une excellente nouvelle pour toute la filière. Nous sommes très contents », lance le patron d’un grand fournisseur aéronautique. A lui-seul, il résume l’enthousiasme qui a gagné la filière aéronautique après les dernières annonces d’Airbus. Le 4 mai, l’avionneur européen a officialisé son objectif de produire soixante-cinq appareils par mois fin 2024, soixante-quinze par mois en 2026. Trois ans après le début d’une crise du secteur provoquée par le Covid-19, l’avionneur européen s’apprête à opérer une ascension industrielle. Et avec lui, c’est toute la chaîne d’approvisionnement régionale qui redécolle.

Mais affaiblie par la crise sanitaire, elle se retrouve à la peine, jonglant entre plusieurs problématiques : des tensions sur l’approvisionnement de certaines matières premières, avec des craintes persistantes cette année sur la disponibilité de certains alliages d’aluminium ou aciers inox, la crise énergétique engendrée par l’invasion de l’Ukraine qui s’est soldée par une hausse des coûts et les difficultés pour recruter. Le tout dans un contexte où les entreprises doivent rembourser les prêts garantis par l’Etat ( PGE), contractés au moment de la pandémie pour passer la crise.

Un besoin de 4000 à 5000 recrutement en 2023

Pour éviter de (trop) décaler les calendriers de livraisons des pièces, les sous-traitants s’évertuent à trouver des solutions, souvent financières. L’entreprise Vidal, spécialisée depuis Saint-Martin-du-Touch dans l’usinage de précision de pièces pour les trains d’atterrissage ( rondelle, axe, bague) négocie les tarifs appliqués à ses fournisseurs de matières premières avec son principal client, Safran. "Tous les six mois, nous analysons les prix par référence et on calcule le coût. Nous faisons un compte rendu à notre donneur d’ordres qui décide de la fabrication de telle ou telle pièce, en priorité", explique Christelle Dos Santos, directrice générale de l’entreprise familiale. " Nous n’avons jamais vécu celà."

Chez Ségneré, PME de 150 salariés spécialisée dans l’usinage, la tôlerie, la chaudronnerie et l’assemblage depuis Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, la direction réfléchit à une ouverture du capital à de nouveaux financeurs pour pourvoir continuer à investir et rembourser la dette, qui s’est multipliée par deux au moment de la crise sanitaire. 
Enfin, le recrutement est un problème persistant, et inquiétant, selon les acteurs de l’aéronautique que nous avons interrogés. Car pour répondre aux carnets de commandes remplis pour les prochaines années, la filière devrait recruter entre 4000 et 5000 personnes, selon l’Union régionale des industries et métiers de la métallurgie.
Aussi, la sous-traitance fait feu de tout bois pour recruter les bons profils : formation en interne, job dating, salon de l’emploi, recours à l’intérim et aux candidats en reconversion professionnelle.

Audrey Sommazi

Photos archives A320 d’Airbus, Rémy Gabalda Crédits ToulEco

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Source : https://www.touleco.fr/sous-traitance-aero,38091