« C’est la concrétisation du rêve de la petite fille que j’étais. » L’astronaute française Sophie Adenot ne peut cacher sa joie avant son départ pour la Station spatiale internationale (ISS), prévu le 15 février pour une mission de huit mois. « Le compte à rebours est plus que lancé. Tous les voyants sont au vert », a-t-elle expliqué, avec enthousiasme, devant un rideau de caméras et de micros posés devant elle dans la salle de contrôle du Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales (Cadmos), à Toulouse, où elle a passé deux journées cette semaine.
À moins de trois mois du décollage de la capsule Crew Dragon de la fusée SpaceX depuis Cap Canaveral, en Floride, le programme de préparation, déjà intense, va s’accélérer. « Ça va vite, ça va très vite mais c’est très passionnant. Car c’est une aventure extraordinaire », s’est réjouit Sophie Adenot. « À ce stade particulier de l’entraînement, on a toutes les clés pour être serein », a estimé l’ingénieure et ancienne pilote d’essai de 43 ans.
Si, ces derniers mois, elle passe son temps au Centre spatial américain à Houston, au Texas, et au Centre européen des astronautes, à Cologne, en Allemagne, elle a fait un détour par le laboratoire toulousain de recherche en micropesanteur du Cnes. Car c’est dans cette unité consacrée aux vols habités qu’ont été développées sept expériences scientifiques françaises que l’astronaute conduira dans le cadre de la mission Epsilon de l’Agence spatiale européenne (ESA). « Un petit crochet par Toulouse pour rencontrer la team France est un moyen de partir regonflée d’énergie quand on voit l’enthousiasme de l’équipe et des gens du Cnes », a estimé, souriante, la deuxième astronaute française à partir en orbite, trente ans après Claudie Haigneré.
Lundi 24 novembre, en matinée, elle s’est informée sur les caractéristiques de la combinaison spatiale intra-véhiculaire qu’elle devra porter à plusieurs reprises en vol. L’enjeu de cette expérimentation, née de la collaboration entre l’enseigne Decathlon et la start-up marseillaise Spartan Space, est de mesurer la facilité d’enfilage et de retrait de la tenue complète – textile, casque, chaussures – à l’intérieur du véhicule spatial en situation d’urgence.
Suivi physiologique et croissance des plantes
Mardi 25 novembre, dans la matinée, soit quelques heures avant de rejoindre le Centre européen des astronautes, elle s’est attelée à la collecte de données médicales qui serviront à étudier l’effet de la microgravité sur son corps. À l’aide de petits capteurs portables synchronisés positionnés sur le bout de ses doigts et sur ses cuisses, sa tension artérielle, sa fréquence cardiaque et respiratoire, sa saturation en oxygène et son activité cérébrale ont été mesurées. L’astronaute emportera dans l’espace cette instrumentation ambulatoire, mise au point notamment par les universités d’Angers et de Lorraine, pour poursuivre son suivi physiologique.
À 400 kilomètres de la Terre, elle fera germer des plantes robustes en même temps que 260.000 élèves français dans leurs salles de classe et testera l’échographie en autonomie et sans expertise médicale. Et, avec un super microscope conçu par les entreprises toulousaines Lumetis et Comat qu’elle installera dans le module Columbus qui doit s’arrimer à l’ISS, elle détectera les bactéries déposées les claviers et les câbles des racks.
Audrey Sommazi
Sur la photo : L’astronaute française Sophie Adenot lors d’une conférence de presse au Cnes, à Toulouse, le 24 novembre. Crédits : Rémy Gabalda-ToulÉco.



