Tout part de la découverte « d’un trésor » dans un grenier, enfant. Des étagères de tissus, une robe et un patron qui fascinent la petite Juliette David. Ce sont les reliques d’une belle aventure entrepreneuriale. Son arrière-grand-mère Virginie et son mari Marius avaient créé une marque de couture en 1935, L’Atelier Barbe. Pendant de très nombreuses années, il pris place au 12 rue Baronie à Toulouse, employant jusqu’à 250 couturières. Mais, en 1981, faute de repreneur, l’aventure s’est arrêtée. Quelques décennies plus tard, avec Barbe et Cie, leur descendante a repris le flambeau.
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« Depuis l’âge de 8 ans, je veux être décoratrice ou styliste. J’ai ça dans le sang. Depuis très longtemps, j’avais l’idée, dans un coin de la tête, de relancer la marque de mon arrière-grand-mère. Tout mon parcours professionnel tend vers cela. Cela fait près de treize ans que je travaille dans la mode, j’y ai exercé un peu tous les métiers (personal shopper [2], production, stylisme, etc.) afin d’acquérir de l’expérience et une vision », raconte Juliette David.
Tissus réutilisés et levée de fonds
L’idée revient en force dans l’esprit de la jeune femme pendant la crise sanitaire, et Barbe et Cie démarre commercialement en octobre 2021. Aujourd’hui, elle fait partie de la Caserne, un incubateur situé à Paris dédié aux entreprises de mode responsable [3]. La jeune créatrice défend un concept, la "mode déclinable", particulièrement en accord avec l’esprit du lieu parisien. « Aujourd’hui, il faut arrêter de créer de nouveaux tissus car cela pollue. On en a suffisamment à réutiliser. Il faut se servir de ces stocks dormants [4]. La dimension artistique part de ce même désir d’éviter le surplus. L’idée, c’est de réinventer le prêt-à-porter à partir d’une seule robe. Je suis partie d’un modèle de mon aïeule, la robe longue Marguerite. Toutes mes créations sont des déclinaisons [5] de celle-ci, à l’aide d’un simple ciseau de couture », explique la créatrice de mode.
La jeune pousse de la mode, qui se lance cette année dans sa première levée de fonds, cherche actuellement des investisseurs et attend également le soutien de Bpifrance. Par ailleurs, Barbe et Cie commence à remporter des contrats avec d’autres entreprises du secteur. La marque va par exemple habiller les vendeuses d’Élysée Parfums dans plusieurs boutiques du sud de la France. Pour se faire connaître, Barbe et Cie ouvre aussi des pop-up store [6], en particulier à Paris, mais aussi dans d’autres villes de France.
L’un des derniers en date était à Toulouse aux Galeries Lafayette début mars. « Cela a été une très bonne expérience. J’ai vu des clientes très intéressées par le concept et j’ai fait de bonnes ventes aussi, malgré la période des vacances. C’est forcément particulier pour moi de venir ici. Mon rêve est d’ouvrir le premier atelier-boutique de ma marque à Toulouse. Les clientes seraient directement en contact avec les couturières qui pourraient leur créer leur modèle personnalisé. La boucle serait bouclée, un véritable retour aux sources. Cette ouverture pourrait se faire dès 2026 », affirme la cheffe d’entreprise avec enthousiasme.
Matthias Hardoy
Sur la photo : Juliette David, la fondatrice de Barbe et Cie, qui a installé début mars une boutique éphémère au Galeries Lafayette à Toulouse. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.
Les robes de Barbe et Cie sont vendues à 150 euros en moyenne, du XS au XL. Elle sont en série limitées car chaque tissu réutilisé est lui aussi en quantité limitée. Dans les années qui viennent, Barbe et Cie pourrait aussi créer des vêtements pour homme.
Notes
[1] La fast fashion (mode rapide) désigne une mouvance de marques qui produisent des vêtements très vite, très souvent, et pour pas cher.
[2] Indépendant ou rattaché à des hôtels de luxe ou des grands magasins, le personal shopper propose un service d’achat pour un client. Il va sélectionner, chercher et présenter des produits haut de gamme à son client.
[3] C’est-à-dire qui prennent en compte l’impact environnemental et social de leurs activités.
[4] Les tissus de Barbe et Cie proviennent du quartier du Sentier à Paris ou de Nona Source, plateforme en ligne de revente de tissus du groupe LVMH.
[5] Avec ou sans manche, longueur de la manche, etc.
[6] Boutique éphémère.