La décarbonation des transports avance bien en Occitanie comparée à la moyenne nationale, mais la route est encore bien longue. Voilà ce qui ressort d’une enquête récente de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). En 2021, les 2,2 millions d’actifs occitans qui avaient besoin de se déplacer pour aller travailler auraient émis en moyenne 0,66 tonne équivalent CO₂ de gaz à effet de serre (GES) contre 0,71 tonne en moyenne dans les autres régions françaises (hors Île-de-France). L’Occitanie serait ainsi la quatrième région de France derrière Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Corse et Auvergne-Rhône-Alpes.
Comment expliquer cette bonne performance occitane ? « Les travailleurs occitans habitent dans des pôles de résidence plus près de leur travail et bénéficient d’un réseau de transports en commun bien développé, ce qui réduit leurs émissions », analyse l’Insee. Les travailleurs d’Occitanie exerceraient en moyenne à 13,4 kilomètres de leur domicile et parcourraient en moyenne 96 kilomètres par semaine pour leurs déplacements domicile-travail, contre 14,5 kilomètres de distance et 103 kilomètres en France.
La place de l’automobile demeure toutefois centrale en Occitanie. Voitures et motos seraient utilisées par 83,4 % des travailleurs occitans (contre 82,8 % en moyenne dans les autres régions). Dans le même temps, seuls 6,9% d’entre eux utiliseraient les transports en commun, 3,6 % le vélo, alors que 6,1% des travailleurs iraient à pied sur leur lieu de travail. Et cela n’est pas sans conséquence puisque, en Occitanie, la voiture serait responsable de 98,5 % des émissions de gaz à effet de serre liés aux déplacements domicile-travail.
En outre, le recours à un véhicule motorisé particulier resterait majoritaire (68 %) pour les distances courtes, alors que la moitié des travailleurs d’Occitanie résiderait à moins de 8 kilomètres de leur lieu de travail. En zone rurale, où l’accès aux transports en commun et la pratique du vélo sont moins faciles, le recours à la voiture et à la moto est encore plus massif (84 %).
Les couronnes de grandes villes, les plus émetteurs en GES
Mais ceux qui participent le plus aux émissions de gaz à effet de serre sont les actifs résidents dans les couronnes des grandes villes. En 2021, en Occitanie, 65 % des émissions étaient dues au 52 % de travailleurs vivant dans ces couronnes. Parmi les dix plus grandes aires d’attraction des villes, celle de Toulouse occuperait la deuxième place derrière Bordeaux pour les émissions de gaz à effet de serre par actif résident (0,87 tonne équivalent CO₂).
« Pour respecter les engagements climatiques de la France, chaque habitant devra en moyenne émettre, d’ici 2050, 2 tonnes d’équivalent CO₂ par an, sachant que les trajets domicile-travail ne sont pas les seules sources d’émissions. Il y a aussi l’alimentation, le logement, l’achat de biens et services, etc. », rappelle l’Insee. Sur le volet transports, les données de l’institut national pourront, en tout cas, être mis sur la table lors des débats des prochaines élections municipales. La question de la meilleure façon de faire progresser les alternatives à la voiture devrait à nouveau susciter la controverse.
Matthias Hardoy
Image d’illustration : DR.