Dix ans que cet événement sur la cybersécurité existe. Des rencontres Cybersécurité du grand sud au Cybertour, l’initiative n’a cessé d’évoluer. « 2015, c’est un peu il y a une éternité ! Niveau cyber, on prêchait un peu dans le désert à l’époque », note Vincent Strubel, directeur général de l’Anssi à l’occasion de la keynote d’ouverture. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information est partenaire de l’événement depuis ses débuts. Aujourd’hui, beaucoup plus d’acteurs ont saisi l’importance du sujet. « La cybersécurité, c’est la mère de toutes les batailles. Pas une entreprise, pas une collectivité, pas une association qui n’échappe à cette question. La Région Occitanie s’est emparée de cette question avec force », considère Marc Sztulman, président du centre Cyber’Occ et élu régional en charge du numérique. « Nous essayons de faire monter en maturité cyber les acteurs publics et privés de notre territoire. En nombre d’entreprises, nous sommes la deuxième région française cyber derrière l’Île-de-France et à égalité avec la Bretagne. »
De son côté, Toulouse Métropole reste mobilisé sur le sujet, au point d’organiser des exercices grandeur nature avec ses personnels. Côté économique, le projet de Campus numérique à Marengo prend forme : « Il sera dédié à l’intelligence artificielle et la cybersécurité », explique Bertrand Serp, Vice Président de Toulouse Métropole en charge de la transition digitale. « Ce sont des sujets éminemment important qu’il faut porter à l’échelle locale et nationale, pour les citoyens comme pour les entreprises. »
« Aujourd’hui, tout le monde est une victime potentielle. La menace s’accélère. L’exploitation des vulnérabilités est ultra rapide. Des actions combinées de cybercriminels peuvent faire tomber des pans entiers de nos sociétés. Le coût de la cybercriminalité est gigantesque. Le prix à payer pour se protéger est très important mais sera toujours moindre que l’inaction. Il faut qu’on passe d’une logique d’effort concentré sur certains acteurs a un effort reparti et collectif sur tous », analyse avec gravité le directeur général de l’Anssi
Grands groupes et Union européenne en première ligne
Les grandes entreprises ont pris à bras-le-corps le sujet depuis un certain nombre d’années années et hésitent moins à faire des investissements cyber. « Il y a un coût pour les entreprises mais comme il y a eu un coût pour le passage vers le numérique. On ne peut pas avoir des fortes attentes envers ses équipes cyber sans leur donner les moyens d’agir », affirme Joao Moita, directeur de la sécurité de l’information Monde (Ciso) du groupe Airbus.
Un peu plus tard, Gilles Fonblanc, CEO senior advisor & président du BAAS [1], abonde dans le même sens : « On ne peut pas nommer un dirigeant cyber sans lui donner des moyens importants. C’est un sujet majeur de gouvernance. Je ne suis pas un expert du sujet à l’origine. Ma conviction a grandi au fur et à mesure. Si nos satellites sont cyberattaqués, c’est la défense de la France et donc sa souveraineté qui est menacée », résume ce dirigeant de haut niveau du groupe français de spatial et de défense. « La cyber ne doit plus être vue comme un mal nécessaire, un sujet d’expert, ou seulement comme un coût. Ne pas se préoccuper de la cybersécurité, c’est comme rouler à pleine vitesse, sans assurance et sans frein », estime également le CEO senior advisor.
Et si l’Europe était le bon échelon pour investir sur le front Cyber ? « L’Europe est une terre de promesse pour la cybersécurité. En 2024, 127 deals ont été répertoriés sur le continent. Ils représentent 1 milliard d’euros. Maintenant, il faut que l’Union européenne aille plus loin. Nous avons les talents, la technologie. Nous pouvons rivaliser avec les États-Unis et Israël. Il faut que l’Europe finance autant qu’elle règlemente le numérique », estime Sarah Isal, Senior associate chez Auriga Cyber Ventures, fonds d’investissement parisien dédié à la cybersécurité.
Matthias Hardoy
Sur les photos de haut en bas :
> Rémy Daudigny, Délégué à la sécurité numérique pour l’Occitanie à l’Anssi et Jérôme Tripiau, Adjudant-Chef, Enquêteur Technologies Numériques à la Gendarmerie d’Occitanie.
> Bertrand Serp, Vice Président de Toulouse Métropole en charge de la transition digitale
> Marc Sztulman, président du centre Cyber’Occ et conseiller régional en charge du numérique
> Joao Moita, CISO du groupe Airbus
> Gilles Fonblanc, CEO senior advisor ArianeGroup et Président du BAAS
> Sarah Isal, Senior associate chez Auriga Cyber Ventures
> La session des pitchs des innovateurs sous la direction de Olivier Auradou, directeur de Cyber’Occ
> La table ronde « Femmes et cybersécurité, favoriser le Girl Power » a réuni Eva Nabusset-Lazarini, Fondatrice de Rehackt, Amal Mernit, responsable fonctionnel en cyberprotection au Ministère des Armées, membres des Cadettes de la cyber, Marlène Dulaurans, élue Femme Chercheure cyber en 2024 et Constance Deseine, Responsable du pôle Transformation Numérique et Cybersécurité à La Mêlée.
> Le CyberTour Toulouse a mobilisé près de 600 personnes sur la journée au Théâtre de la Cité.
Crédits photos : Remy Gabalda - ToulÉco.
Notes
[1] Bordeaux Aquitaine Aéronautique et Spatial