« Dans notre code financier, rien n’interdit de communiquer », indique sans préambule Valérie Renet, à la tête de la Chambre régionale des comptes d’Occitanie. De fait, elle ne va plus s’en priver : consciente que les missions de sa juridiction financière sont mal perçues du grand public, la sémillante présidente prévoit d’informer plus régulièrement et précisément les citoyens, par voie de presse, des sujets sur lesquels elle travaille.
Mais d’abord, que faut-il attendre de cet organe administratif, extension locale de la Cour des comptes ? Des enquêtes, des condamnations ? Pas vraiment. « Notre cœur de métier, ce sont les dépenses publiques. Nous avons des liens forts avec l’institution judiciaire mais chez nous, pas de qualification pénale. On se contente de pointer les fautes de gestion », explique Valérie Renet. En d’autres termes, la chambre vérifie les comptes des collectivités, hôpitaux et autres établissements publics locaux, soit « environ 10.000 organismes en Occitanie », pour s’assurer du bon usage de l’argent public.
Une « plateforme citoyenne » pour l’information et la participation du public
La Cour des comptes et ses délégations territoriales fonctionnent désormais « par thématiques ». Celles-ci sont déterminées en grande partie grâce à la participation citoyenne, que la juridiction souhaite encore renforcer : sur une plateforme dédiée, chacun peut interroger ou solliciter l’institution sur un sujet qui le préoccupe.
Ainsi, en 2024, la corrida était largement plébiscitée. La CRC d’Occitanie s’est emparée du sujet... Mais ses conclusions n’ont pas été celles escomptées par les citoyens à l’origine de la démarche. « Ils étaient probablement plutôt anti-corrida », suppose la présidente, qui s’explique. « Notre rôle n’est jamais de prendre position sur un sujet, nous nous contentons d’étudier l’aspect financier. À Nîmes, nous avons montré que les retombées économiques sont supérieures aux coûts d’organisation. Cela n’a pas plu à tout le monde et c’était prévisible », constate-t-elle.
Après la corrida et le rugby, place à l’eau et au logement social
Après Nîmes, l’audit de la chambre se poursuit dans d’autres communes concernées par la tauromachie, telles que Vic-Fezensac dans le Gers, Bellegarde et Saint-Gilles dans le Gard, et Céret, près de Perpignan. L’an dernier, la CRC d’Occitanie a produit plus de soixante-dix rapports. Cette année, elle diffusera en prime une synthèse globale par thématique. Il faudra attendre juin pour avoir le bilan "corrida". Avant cela, une première synthèse "rugby" devrait être diffusée au mois de mai car, à l’instar du Stade Toulousain, plusieurs clubs ont été soumis ces derniers mois à l’instruction de la chambre.
En plus de poursuivre les chantiers entamés l’an passé, comme le recours aux cabinets de conseil, l’institution abordera en 2025 de nouvelles thématiques : le logement social « de l’offre jusqu’à l’attribution », avec un focus sur Toulouse ; la situation financière des départements d’Occitanie ; ou encore, la gestion de l’eau et l’assainissement sous l’angle du bloc communal. D’autres thèmes sont en projet, comme la démoustication, pour laquelle la chambre envisage de créer un comité scientifique.
Et pour finir, quid de l’A69 ? « Ce n’est pas de notre ressort puisque cela concerne directement l’État », répond sans ambages Valérie Renet, visiblement rodée à la question.
Marie-Dominique Lacour
Sur la photo : Valérie Renet, présidente de la Chambre régionale des comptes (CRC) d’Occitanie, installée à Montpellier, souhaite se rapprocher des citoyens pour mettre en lumière les actions de sa juridiction. Crédit M.-D. L.-ToulÉco.