Une entreprise qui pourrait faire partie d’un film de David Cronenberg. En effet, Genoskin développe, pour des essais médicaux, des modèles de peaux humaines issus d’opérations de chirurgie plastique comme l’abdominoplastie. On n’est pas si loin des expérimentations corporelles décrites dans certaines œuvres du cinéaste canadien. Mais le développement de l’entreprise toulousaine, c’est très loin d’être du cinéma ! Genoskin a dépassé les 6 millions d’euros de chiffre d’affaires et vient de compléter une levée de 8 millions d’euros. C’est la première fois de son histoire qu’elle ouvre son capital.
Le tour de table financier a été mené grâce aux fonds occitans Occidev Impacts d’OCCTE, Captech Santé, GSO Innovation et de CA Toulouse 31 Intiatives de CAT31i. Sur les 8 millions d’euros, trois ont été levés par dette bancaire par Bpifrance et plusieurs banques locales (BNP Paribas, la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées et le Crédit Agricole).
Cette nouvelle étape est le signe que l’innovation de Genoskin a su s’imposer dans le monde médical. « Nous avons su convaincre et aussi évoluer. On peut utiliser nos peaux non seulement pour des tests d’applications en surface mais aussi pour des technologies qu’on injecte comme des vaccins ou des anticorps monoclonaux. Nos solutions peuvent servir à des médicaments contre des maladies métaboliques, neurologiques ou des cancers », explique le dirigeant et fondateur de Genoskin, Pascal Descargues.
De Toulouse à Singapour en passant par Salem
La levée de fonds va permettre à l’entreprise toulousaine de se lancer dans « un plan de croissance ambitieux » en Occitanie mais aussi à l’international. Déjà présente aux États-Unis, elle devrait agrandir ses locaux de Salem, dans le Massachusetts, dès 2026 pour créer une usine de 700 mètres carrés et construire une usine de 1000 mètres carrés à Toulouse en 2027 [1].
Pour Genoskin, l’avenir est plus que jamais à l’internationalisation. « Depuis que nous avons ouvert notre filiale aux États-Unis, nous connaissons une croissance de 30 % par an. 60 % de notre chiffre d’affaires aujourd’hui, c’est le marché américain. Cela nous a permis de gagner une légitimité au niveau international, qui nous a permis de nous développer par la suite dans le nord de l’Europe et en Asie. Aujourd’hui nous voulons renforcer notre présence en Allemagne, en Angleterre (Londres) mais aussi en Asie (Singapour) avec un bureau ouvert sur place », détaille Pascal Descargues. Les réglementations de plus en plus strictes sur les expérimentations animales, notamment aux États-Unis, pourraient être un sacré coup de pouce dans cette ambition mondiale de la société haut-garonnaise.
« Nos concurrents dans les tests médicaux ont misé historiquement sur l’animal. Ils vont devoir faire pivoter leur modèle. Nous avons une longueur d’avance et un savoir-faire précieux dans la gestion très délicate des échantillons de peau. Nous avons un réseau mondial. Nous gérons 2000 dons par an », rappelle le dirigeant français. Genoskin fait actuellement travailler trente-quatre collaborateurs en France et huit aux États-Unis. D’ici quatre ans, elle voudrait doubler ses effectifs.
Matthias Hardoy
Sur la photo : Le laboratoire toulousain de Genoskin. Crédit : Genoskin.
Genoskin et l’intelligence artificielle :
Genoskin utilise de plus en plus l’intelligence artificielle (IA). « Les recherches sur nos peaux génèrent un vaste ensemble de données que l’IA et ses algorithmes aident à mieux analyser et plus rapidement », explique Pascal Descargues.
Notes
[1] Genoskin est pour le moment localisée dans la Ville rose au Centre Pierre Potier de Toulouse.