À contre-courant des agences immobilières traditionnelles. Voilà le crédo de Keytoko, fondée en 2022 par Jordan Boissières, ancien travailleur social, et Nicolas André, responsable qualité dans l’industrie, qui se consacraient au départ à la conciergerie et aux locations de courtes durées. Mais un constat a poussé les deux fondateurs à réorienter leur projet. « Nous avons enregistré une recrudescence de demandes de locations de moyennes durées émanant de personnes en situation de fragilité. Notamment des mères isolées, des personnes en soins de longue durée, à la recherche de pied-à-terre à Toulouse, des étudiants ultramarins et de jeunes actifs, peu accompagnés par leurs familles… », décrit Jordan Boissières. « A priori donc, tout l’inverse des profils que les agences immobilières traditionnelles accompagnent volontiers. »
Un bail sur mesure
Si, au départ, ces demandes se comptaient sur les doigts de la main, Keytoko, qui administre une centaine de logements à la location à Toulouse, a accompagné soixante-cinq locataires fragiles sur les douze derniers mois. « Nous avons travaillé avec une avocate à la mise au point d’un bail sur mesure qui s’apparente à un bail de résidence secondaire, car ces publics ne sont pas éligibles aux baux de mobilités classiques. Puis, nous avons aussi trouvé des solutions auprès des bailleurs pour adapter les modalités de paiements et dépôts de garantie. » La demande phare concerne des petites surfaces, pour des durées moyennes de quatre à cinq mois. « Dans tous les cas, nous ne pratiquons évidemment pas des loyers plus élevés, car il n’est pas question de rémunérer le risque que prennent les bailleurs. »
La solidarité sur le principe des cafés suspendus
En réalité, Keytoko, qui continue par ailleurs son activité de conciergerie, flèche une partie des recettes générées par ses services additionnels vers la location aux publics fragiles et collecte des dons : 1500 euros en quelques mois. « Cela fonctionne un peu sur le modèle des cafés suspendus et nous permet de baisser nos honoraires de location, ou de financer des dépôts de garantie ; mais sans jamais remettre en question la rentabilité locative pour les bailleurs qui nous confient leurs biens en location. » Keytoko, qui dispose uniquement d’une plateforme digitale, affiche un chiffre d’affaires de 360.000 euros et appelle maintenant des collectivités, des partenaires, des associations et des propriétaires à rejoindre le « mouvement Keytoko ».
Béatrice Girard
Sur la photo : Jordan Boissières et Nicolas André, les cofondateurs de Keytoko, une agence de location immobilière solidaire. Crédit : DR.
P.S. :
Tous les jeudis, retrouvez l’actualité de l’immobilier en Occitanie sur touleco.fr