Olivier Sichel : « La Banque des territoires accompagne tous les quartiers, y compris les plus difficiles »

Parmi les acteurs publics qui accompagnent la rénovation du territoire, il en est un particulièrement discret mais très actif qui agit en soutien des collectivités et de leurs élus. C’est la Banque des territoires. Son directeur général, Olivier Sichel, était en déplacement en Occitanie la semaine dernière et notamment dans le quartier de Pissevin à Nîmes, dont l’insécurité croissante défraie la chronique. Entretien.

Olivier Sichel, pourquoi ce déplacement à Nîmes ?
Il faut rappeler que la Banque des territoires accompagne tous les quartiers, y compris les plus difficiles et les QPV. Sur celui de Pissevin, où nous étions, il y a toute une configuration du quartier à refaire. Nous n’intervenons évidemment pas sur la sécurité mais notre rôle, c’est de soutenir le développement économique et la rénovation des logements. Sur Nîmes précisément, nous intervenons sur le soutien aux commerces via une foncière dédiée et un programme de rénovation urbaine. Le rôle de cette foncière, c’est d’acheter des commerces et de permettre à des dirigeants et des commerçants d’exercer leur activité moyennant un loyer abordable, pour que des supérettes, des pharmacies ou encore des librairies puissent s’y installer facilement. Cette foncière s’installe dans trois quartiers de Nîmes faisant l’objet d’une convention NPNRU : Pissevin-Valdegour, Chemin Bas d’Avignon et Mas de Mingue. Son objectif, c’est de faire l’acquisition de quarante-huit cellules commerciales sur 6200 m² pour une dépense d’investissement de 12 millions d’euros. Il y a aussi un pôle médical et commercial, l’îlot 2 de la Porte des Arts, qui fait l’objet d’un investissement de 1800 m² pour 4,1 millions d’euros. Enfin, en centre-ville, se sont seize cellules qui sont concernées pour 3,8 millions d’euros.

Cela fait beaucoup d’argent... En attendez-vous un retour sur investissement ?
Il est vrai que c’est un outil puissant, qui a du coffre, où nous sommes à la fois investisseur à hauteur de 8 millions et prêteur pour 16 millions d’euros. Mais ce n’est pas une subvention : les loyers paieront les investissements, notamment grâce à l’équilibre entre quartiers prioritaires et ceux du centre-ville. Nous avons déjà monté une centaine de Foncières commerces de ce type en France, à tous les échelons du territoire. Mais surtout, c’est un outil patient, et que nous pouvons gérer sur un temps long.

Au cours d’une de vos premières interviews dans ToulÉco, nous avions évoqué le programme Action de Cœur de Ville. Celui-ci s’achève bientôt, quel bilan en tirez-vous ?
En fait, il n’est pas fini car, devant son succès, nous lançons un programme Cœur de Ville 2, à la demande des élus qui se sont réengagés. Le premier volet avait servi à financer principalement des phases d’études qui ont duré trois ans. Il faut désormais passer à l’action. Nous avons ainsi mobilisé 115 millions d’euros de prêts pour vingt-sept villes d’Occitanie qui ont suivi ce programme. Le bilan, lui, est positif : les élus ont constaté une réduction nette de la vacance commerciale. Dans certaines villes, celle-ci est passée de 25 % à 10 %. Ainsi, le maire de Mende (Lozère, NDLR), Laurent Suau, a constaté dans sa ville un marché de l’immobilier commercial dont la dynamique a doublé. Le revers de la médaille, c’est que du coup, les prix commencent à augmenter. Mais cela reste une bonne nouvelle.

Donc on va continuer de parler du programme Action Coeur de ville...
Oui, d’autant que c’est un programme qui va connaître des évolutions. Nous allons notamment travailler sur les entrées de ville qui ont été rattrapées par les zones commerciales et que nous allons repenser [1] avec des utilisations mixtes (commerces et habitations) ou encore sur les quartiers de gare. Il y aura aussi un programme lié au changement climatique avec des financements pour des opérations de végétalisation ou encore d’abris de chaleur... Donc, Action Coeur de Ville, c’est un programme qui vit et qui permet de traiter de vraies problématiques mais nous conservons les fondamentaux du programme. À savoir : le maire reste le patron. C’est à lui de choisir ce qu’il veut faire dans sa ville.
Propos recueillis par M.V.

Crédits photos : Sophie Palmier - CDC.

Notes

[1Le gouvernement a annoncé le 11 septembre dernier vouloir s’attaquer à « la France Moche » et souhaite engager un programme de transformation des entrées de villes. Il sera doté d’une enveloppe de 24 millions d’euros et il concernera dans un premier temps une vingtaine de zones.

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Source : https://www.touleco.fr/Parmi-les-acteurs-publics-qui-accompagnent-la,39226