« Un exercice très favorable. » Christophe Bosson, le directeur général de la Banque Populaire Occitane, résume ainsi une année 2022 qui fut meilleure qu’espérée alors que le monde traversait des crises multiples (guerre en Ukraine, crise énergétique, accélération du réchauffement climatique inflation, etc.). La banque affiche un produit net bancaire (PNB) de 400,9 millions d’euros, en progrès de 3,8 %. Son résultat brut d’exploitation s’élève à 146,7 millions d’euros (+4,7 %) alors que son résultat net s’établit à 94,3 millions d’euros, en progression de 3,6 %. Les encours de crédits sont en hausse de 8,6 % et s’élevaient selon la banque régionale à 16,5 milliards d’euros.
Mais les cotillons ne sont pas pour autant de sortie. Cette année devrait être, en effet, compliquée pour le secteur bancaire, selon Christophe Bosson. « Nous allons ressentir en 2023 les effets de l’inflation. À cause de celle-ci, les prêts vont voir leurs taux augmenter. Mais cette augmentation progressive ne va pas compenser l’augmentation des taux des livrets d’épargne pour les particuliers et les entreprises. Cela va avoir des effets sur nos résultats qui seront moins bons, cette année, avant un rebond en 2024 », analyse le directeur général.
Accès au crédit plus difficile
L’augmentation des taux d’emprunt va avoir des conséquences pour les particuliers. « Nous allons accorder moins de crédits. Pour l’instant, on ne voit pas une augmentation des refus, mais les plus modestes ont compris que cela allait être un peu plus difficile pour eux d’accéder à un crédit et se censurent », explique Christophe Bosson. Pour les crédits immobiliers, le gouvernement réfléchit actuellement à alléger les conditions d’octroi [1] pour éviter que trop de foyers renoncent à leurs projets dans le domaine. La Banque de France n’y est pas favorable, pointant « le risque de surendettement » des ménages. Catherine Mallet, présidente du conseil d’administration de la Banque Populaire Occitane, s’inquiète surtout « du manque de construction de logements sociaux auquel il va falloir absolument remédier ».
Comme tous les autres établissements bancaires, la Banque Populaire ne peut par ailleurs plus mettre de côté la question du réchauffement climatique. Fin 2022, elle avait annoncé la création de sa nouvelle marque appelée Banque de la transition énergétique(BTE). Celle-ci est en train de se « mettre progressivement en place » [2]. Son objectif « est de multiplier par cinq la collecte d’épargne verte et de financements verts à l’horizon 2024 » et que « 25 % de sa production de crédit soit alloués à des projets de transition écologique sur le territoire occitan ». La présidente du conseil d’administration, qui est aussi directrice générale déléguée du groupe Actia, croit davantage en la force de « l’évolution progressive par l’accompagnement que par la contrainte ». Christophe Bosson reconnaît toutefois « que le fait que l’État fixe des objectifs parfois ambitieux pousse au changement des structures ».
Autre engagement, la banque revendique de vouloir conserver ses 201 établissements qui maillent le territoire. « Nous avons un poste bancaire pour 16.000 personnes alors que nos concurrents sont plus à un poste pour 23.000 personnes. Nous voulons garder cette proximité », assure le directeur général de la Banque Populaire Occitane.
Matthias Hardoy
Sur la photo : Catherine Mallet, présidente du conseil d’administration de La Banque Populaire Occitane, et Christophe Bosson, directeur général de la Banque Populaire Occitane. Crédit : Lucie Ribaut - ToulÉco.
Des chiffres en + :
La Banque Populaire Occitane compte 2147 collaborateurs. Elle possède 201 implantations et trois sites centraux (à Balma, Albi et Cahors). Elle est présente dans huit départements (Aveyron, Gers, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn et Tarn-et-Garonne).
Elle affiche 603.000 clients et 197.000 sociétaires. En Occitanie, elle revendique une part de marché de 15,8 % pour les crédits et de 12,9 % pour les dépôts.
En 2022, elle aurait accordé 14.200 prêts immobiliers (+13,5 % par rapport à 2021) hors Prêt à taux zéro ; 31.400 prêts personnels (+1,7 %) et 11.400 crédits d’équipements hors prêt garanti par l’État (PGE) (+5,9 %). Le coût du risque de la banque régionale est en progression de 22,9 % et s’établirait à 32,9 millions d’euros.
L’agence Next Innov dédiée à l’accompagnement des start-up a vu son portefeuille d’entreprises progresser de 22 % avec 250 jeunes pousses accompagnées.
La part de femmes cadres aurait atteint 45,19 % en 2022 au sein de la Banque Populaire Occitane.
Il existe douze antennes de la Banque populaire en région. Le groupe BPCE, qui détient La Banque populaire et la Caisse d’épargne, revendique 36 millions de clients, dont 9 millions de sociétaires et 105.000 collaborateurs au total.
Notes
[1] Depuis le 1er janvier 2022, les banques françaises doivent respecter certains critères, définis par le Haut conseil à la stabilité financière, pour accorder un crédit immobilier : un taux d’effort, c’est-à-dire le montant total des dépenses liées à l’habitation rapporté aux revenus, de 35 % maximum et une durée d’endettement de 25 ans au plus (ou 27 dans certains cas).
[2] Et proposera très prochainement notamment un « prêt à impact ».