Bill François : « Envie de créer une spirale positive autour de la science »

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Le physicien Bill François, chercheur en hydrodynamique, sera en ouverture de Futurapolis Planète, le mercredi 12 novembre à l’Université Toulouse Capitole. As de la vulgarisation, ses conférences scientifiques sont aussi des spectacles d’humour. Ses ouvrages sur le monde aquatique sont également très ludiques et poétiques. Il revient pour nous sur son approche.

Bill François, pourquoi être devenu physicien et non pas biologiste ?
J’ai eu la chance d’avoir un merveilleux prof de physique qui m’a fait découvrir que la physique pouvait expliquer tout. Je savais juste que je voulais faire de la science pour mieux comprendre le monde et cette rencontre décisive m’a convaincu d’emprunter cette voie. Je me suis intéressé à pas mal d’échelle de la physique avant de décider que c’était l’hydrodynamique, l’étude des mouvements des fluides que j’avais envie d’explorer pour pouvoir, notamment, mieux comprendre le monde aquatique. Mais, en réalité, tous les champs du savoir m’intéressent. Je suis totalement opposé à ces séparations entre les disciplines et, même, entre sciences humaines et sciences dites dures. Tout mon travail consiste à rassembler ces mondes. Les textes scientifiques anciens sont extrêmement bien écrits, très littéraires. L’outil littéraire a historiquement permis de mieux comprendre certains concepts en les formulant au mieux.

Dans vos ouvrages et conférences, ce qui semble vous passionner, c’est de décrire la diversité des manières de communiquer (par le son, la lumière, les vibrations, etc.) des espèces aquatiques...
C’est quelque chose d’insoupçonné. On parle du monde du silence, alors que c’est un monde où il y a énormément d’espèces qui n’arrêtent pas de communiquer en permanence. À Toulouse, je vais parler du monde de l’eau douce, qui contient autant d’espèces que les océans dans vingt mille fois moins d’espace. Ce qui m’intéresse, c’est de montrer comment les cycles de vie des espèces aquatiques sont reliés entre eux. Par exemple, la moule d’eau douce a besoin d’un poisson pour transporter ses larves. À l’inverse, il y a d’autres espèces qui vont pondre leurs œufs à l’intérieur de la moule d’eau douce.

Comment avez-vous construit cette manière très ludique de transmettre le savoir ?
J’étais guide dans des aquariums pendant longtemps, notamment à Paris, et ça m’a donné l’occasion de tester plein d’histoires auprès d’un public. J’aime créer des liens entre des espèces lointaines et nous. Le système scolaire et la société en général valorisent peu la connexion avec la nature. Mon objectif, c’est de récréer de manière ludique ce lien dans l’esprit des gens.

Cette manière de faire est-elle plus présente à l’étranger qu’en France ?
La valorisation du savoir scientifique de manière ludique est peut-être un peu plus présente dans d’autre pays, notamment aux États-Unis. Ils ont, de plus, un rapport plus simple, désacralisé à la prise de parole en public dès le plus jeune âge.
Les gens aiment pourtant la science en France. L’école en traumatise certains mais le désir est là. Il faut juste le ranimer de temps en temps. Il n’y qu’a voir, par exemple, l’impact qu’a eu l’émission C’est pas Sorcier dans les années 1990-2000. Ce programme de vulgarisation scientifique a conduit plein d’enfants à s’intéresser aux sciences et certains sont devenus des brillants scientifiques aujourd’hui. À mon échelle, j’ai envie de créer une telle spirale positive.

Vous n’éludez pas les conséquences du réchauffement climatique, mais on ne ressort jamais déprimé de vos conférences ou de la lecture de vos ouvrages...
Je ne veux être ni optimiste, ni pessimiste mais réaliste, factuel. Je veux raconter ce qui existe, ce qui a déjà disparu, ce qui risque de disparaître. Il y a encore énormément d’espèces à préserver qui sont très menacées mais qu’on peut encore sauver.

Quels sont vos prochains projets ?
J’ai un autre projet de livre en cours, qui sera un récit de voyage sur le « Sardine run ». C’est la grande migration des sardines qui a lieu en Afrique du Sud chaque année. Des milliards de sardines qui se rassemblent pour aller vers le nord. Nous sommes allés les suivre avec l’Unesco. L’ouvrage sortira au printemps. Il parlera plus globalement du fonctionnement et de l’état des océans.
Propos recueillis par Matthias Hardoy

Sur la photo : Le physicien Bill François, chercheur en hydrodynamique a écrit de nombreux ouvrages dont « Éloquence de la sardine », « Le Plus Grand Menu du monde » ou encore « La truite et le perroquet ». Crédit : Futurapolis Planète.

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Source : https://www.touleco.fr/Futurapolis-2,48855