C’est la dernière ligne droite. Sept ans après l’appel à manifestation d’intérêt lancé par la Ville de Toulouse pour la réhabilitation de l’ancien atelier 121 de la Cartoucherie, le collectif Cosmopolis peut commencer à compter les jours. À l’occasion d’une visite de chantier mardi 16 mai, la coopérative à l’origine du projet de tiers-lieu des Halles de la Cartoucherie a donné la date d’ouverture. Ce sera le 8 septembre prochain pour la Halle gourmande, la librairie l’Autre rive, les espaces de coworking, la salle d’escalade The Roof Toulouse, l’école de breakdance Break’in School ou encore le centre sportif avec les salles de squash et l’espace fitness encadré par l’UCPA.
« Le financement a été compliqué à monter jusqu’à l’entrée de la Caisse des dépôts au capital (voir encadré). Nous étions six associés au départ, nous sommes une centaine aujourd’hui autour de ce projet de lieu vivant très inclusif et très collectif. Nous sommes dans une optique de recherche d’utilité sociale, de gouvernance partagée, de lucrativité limitée et portons une nouvelle vision de l’économie », explique Adrien Ramirez, directeur général délégué de la foncière Bellevilles.
À moins de quatre mois du démarrage, le gigantesque chantier lancé en septembre 2021 se poursuit pour faire de l’ancien site industriel le cœur battant de l’écoquartier de la Cartoucherie, qui devrait générer 260 emplois directs et accueillir plus d’un million de visiteurs par an. Dans cette cathédrale de béton d’une longueur de 250 mètres et de 13.500 m2 de surface, le promoteur Redman et les cabinets Compagnie Architecture et Oeco Architectes sont partis d’une maquette de 4 mètres de long pour construire leur projet et donner la bonne place aux différents usages proposés par le lieu. « Nous avons utilisé du bois pour tous les éléments nouveaux apportés dans le bâtiment, choisi les isolants biosourcés, du béton avec des granulats recyclés », souligne Vanessa Larrere, d’Oeco Architectes.
Vingt-six commerçants sous la halle
Divisé en deux bâtiments distincts, séparés par une halle verte abritée mais ouverte sur les côtés, l’ancien atelier 121 du Giat est traversé dans sa partie nord par une rue centrale. Cette artère de circulation est surplombée par des espaces en mezzanine et éclairée par la lumière naturelle provenant des jeux de toiture. Elle desservira les « food courts », les vingt-six restaurants et commerçants de la région qui ont été sélectionnés par la société Festa parmi 450 candidatures pour faire vivre la Halle Gourmande. À elle seule, la zone alimentation, prolongée par les terrasses extérieures, devrait générer 15 millions d’euros de chiffres d’affaires la première année, sur un total consolidé annoncé de 25 millions d’euros.
La deuxième partie de l’atelier 121 sera occupée par la salle d’escalade, seul espace à avoir conservé les trois travées d’origine et, au plafond, un ancien pont roulant, vestige du passé industriel du site. Dans la continuité de la halle, un nouveau bâtiment a été construit pour abriter à l’étage la future salle de spectacles de la Cartoucherie, donnant à l’arrière sur le parking du Zénith. Présentée par l’organisateur de spectacles Bleu Citron comme « un petit Olympia à Toulouse », cette scène aura une capacité de 500 places assises sur gradins rétractables et 800 au total. Son ouverture interviendra dans un second temps, en février 2024.
Johanna Decorse
Sur les photos : Dans la partie nord, l’ancien atelier 121 sera traversé par une rue centrale permettant d’accéder aux différents commerces, restaurants et équipements. Elle sera surplombée de mezzanines accueillant notamment des espaces de coworking. // La future salle de spectacles de la Cartoucherie se situe dans le prolongement de la halle 121. // Bientôt investi par la maison d’escalade The Roof Toulouse, la partie sud de l’atelier 121 a conservé au plafond un pont-roulant, dernière vestige du passé industriel du site. Crédit : J.D. - ToulÉco .
Un projet de 43 millions d’euros
Dans le cadre du projet des Halles de la Cartoucherie, l’ancienne halle 121 a été rachetée à Oppidea, la Sem d’aménagement de Toulouse Métropole, par la société Lotjas. Cette foncière est détenue à 40 % par la Caisse des dépôts et consignation et à 60 % par la SAS du Tiers Lieu, qui réunit les six structures associées : le groupe associatif de sports et loisirs UCPA (25 %), la foncière Bellevilles, agréée entreprise solidaire d’utilité sociale (25 %), Watou, foncière familiale parisienne spécialisée dans le commerce (25 %), la société Sur la route, créée par Gilles Jumaire, le fondateur de Bleu Citron (10 %), l’entreprise de conseil en restauration TMCO (10 %) et la maison d’escalade The Roof Toulouse (5 %).
Le coût global du projet est de 43 millions d’euros, dont plus 32 millions pour la partie immobilière (acquisition du terrain pour 3,5 millions, travaux et frais de développement) et plus 10 millions liés à l’exploitation du lieu. Les structures associées ont investi 6 millions d’euros de fonds propres, auxquels s’ajoutent 4 millions d’euros de la Caisse des dépôts. La Région Occitanie est intervenue à hauteur de 1,8 million d’euros dans le cadre de l’éco-rénovation de ces ateliers centenaires, labellisés NoWatt. Le reste de l’opération, soit 21,2 millions d’euros, a été financé par dette bancaire auprès d’un pool de cinq établissements (Crédit coopératif, Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées et Nouvelle-Aquitaine, Arkea et la Banque postale).
En charge de la gestion, de l’animation et de la programmation du futur tiers-lieu, la SCIC Cosmopolis rassemble les associés fondateurs auxquels se sont ajoutés Bleu Citron, la Halle Tropisme de Montpellier et la société Festa, née pour le projet et en charge de la commercialisation des espaces de la partie alimentation.