Dix-huit mois de travaux et un peu plus de quarante-deux millions d’euros d’investissements [1] auront été nécessaires pour donner à la gare Matabiau une nouvelle dimension. Une obligation pour cette gare, selon la SNCF qui l’avait identifiée parmi les dix projets d’envergure nationale, au même titre que les gares parisiennes, celles de Lyon Pardieu, Rennes ou Nantes.
« Nous livrons aujourd’hui avant tout un projet d’intermodalité qui permet de connecter l’intégralité des transports, bus, piétons, parking et métro à la gare, et d’anticiper le flux de 150.000 passagers qui sera atteint dans les dix ans avec le projet de connexion grande ligne Bordeaux-Toulouse et l’arrivée de la ligne C », s’est félicité Stéphane Lerendu, le directeur des grands projets SNCF gares et Connexions, lors de l’inauguration. « L’accès des usagers à la gare et aux trains est désormais facilité par la réalisation d’un second passage piéton souterrain élargi à neuf mètres avec cinq escaliers mécaniques et autant d’ascenseurs qui desservent les deux quais ».
Services aux usagers et commerces
Parmi les changements d’ampleur de cette nouvelle gare Matabiau, le hall historique agrandi et renommé hall 2, a redonné tout leur lustre aux poteaux Eiffel d’origine. Les services aux voyageurs (espaces d’accueil pour les situations perturbées, les juniors, les personnes à mobilité réduite) et les espaces de ventes ont été positionnés aux extrémités de la gare. Une galerie de quinze boutiques, relie quant à elle les deux halls, au grand dam du syndicat CGT, qui a fait entendre sa voix lors de l’inauguration pour dénoncer la transformation de la gare en « temple de la consommation ».
Une évolution parfaitement assumée côté SNCF. « En termes de surface et d’argent, nous avons davantage investi ici pour les services que pour les commerces. Cette galerie rassemble un tissu commercial qui répond aux besoins en services des usagers : se restaurer et faire des achats de dernière minute en lien avec leur voyage. D’ailleurs, nous avons multiplié par quatre le nombre de places assises. Si nous avions voulu gagner de l’argent nous n’aurions proposé que de la vente à emporter. »
Sur les quinze cellules commercialisées par SNCF Retail & Connexions, deux sont encore en cours de négociation [2]. « Nous proposons des baux de sept ans avec des loyers modulés en fonction des chiffres d’affaires des commerçants », précise Raphaël Poli, le directeur général de SNCF Retail & Connexions.
À table aux halles de la Cartoucherie !
Reconversion accomplie aussi pour l’ancien site de Giat Industries. Ici la métamorphose a pris sept ans. Lancée en 2016 dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt, puis stoppée net par le Covid et un changement d’actionnaires, elle a bien failli ne jamais aboutir. Porté par la foncière Lotjas, détenue à 40 % par la Caisse des Dépôts et à 60 % par la SAS Tiers lieu qui réunit six associés privés (Foncière Belleville, UCPA, la foncière familiale de Watou, la société Pour la Route, The Roof, TMCO), ce projet aura nécessité un budget global de 43 millions d’euros. Les travaux de réhabilitation de la halle s’élèvent à 20 millions d’euros, dont une aide régionale de 1,8 million d’euros dans le cadre d’un appel à projet Nowatt. Ceux de la salle de spectacle attenante (qui n’ouvrira qu’en février 2024), s’élèvent à 4,5 millions d’euros.
Le promoteur Redman avec Chloé Bodart, Compagnie Architecture (mandataire) et Vanessa Larrere Oeco Architectes se sont attachés à préserver les qualités industrielles intrinsèques à cette halle monumentale de 13.500 m2. Charpente béton, lumière zénitale et toiture en métal, conservent donc tout l’aspect brut au lieu. « Nous avons fait en sorte de réemployer l’existant afin d’adapter les nouveaux usages au bâtiment et non l’inverse », indiquait l’architecte Chloé Bodart, lors de l’inauguration ce mercredi 6 septembre.
La halle gourmande, qui s’étend sur 3000 m2, compte 800 places assises et de la cuisine pour tous les goûts, avec douze stands du marché, dix stands de street-food et trois bars. Très attendu des Toulousains, ce lieu inédit dans la Ville rose fera forcément le plein pour ce premier week-end de Coupe du monde. Et ensuite ? « Au-delà de l’aspect culinaire, nous voulons faire de ces halles un vrai lieu de vie ; et tablons sur une fréquentation d’un million de personnes par an, toutes activités confondues », indique Landry Olivier le directeur général.
Pour les attirer, le collectif Cosmopolis a installé sur place différents types de services (conciergerie, associations, école de cuisine…), un espace dédié aux sports (salle d’escalade, de squash, école de breakdance) dans la halle sud, 1300 m2 dédiés au coworking et une librairie (L’Autre Rive). Le tout au coeur d’un écoquartier qui compte déjà à ce jour 6000 habitants.
Béatrice Girard
Sur la photo de Une : La Halle de la Cartoucherie inaugurée ce mercredi 6 décembre. Crédit : Valentine Chapuis - ToulÉco.
Sur les photos : Jean-Pierre Farandou, président-directeur général de SNCF depuis le 1er novembre 2019, est présent avec ses équipes pour l’inauguration de la gare Matabiau rénovée. Des vues de la gare Matabiau restaurée, dont le grand couloir qui mène aux quais qui a été élargi. Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.
Notes
[1] 42,6 millions d’euros d’investissements dont 24,1 millions d’euros financés en propre par SNCF Gares & Connexions et 18,5 millions d’euros par l’État, la Région Occitanie, et des fonds européens
[2] Plusieurs enseignes sont déjà présentes ou annoncées, notamment Mac Donald’s, Starbucks, Relay, O’Mana, Minizo, Mozza&Co, Picto…