Aéronautique. Avec Kepplair Evolution, l’avion de ligne largue l’eau

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Convertir un avion turbopropulseur en bombardier d’eau, en avion-cargo et en avion sanitaire est le pari de Kepplair Aviation, qui conçoit un kit de conversion. Sa production devrait démarrer en 2026, sa mise en service l’année suivante.

Il faut aller vite, très vite. Les incendies font rage l’été, notamment dans le sud de la France, sur le pourtour méditerranéen. Et comme chaque été, la question de renforcer les moyens de lutte, en particulier aériens, revient sur le devant de la scène. Si la sécurité civile française s’appuie sur une douzaine de Canadair, un rapport parlementaire publié le 2 juillet dernier pointe « une flotte inadaptée face à l’augmentation des risques sur le territoire » et souligne l’urgence « de définir une stratégie de renouvellement de la flotte et de la mettre en œuvre le plus rapidement possible, en particulier s’agissant des bombardiers d’eau ».

L’une des solutions pourrait venir de Kepplair Aviation. La société, fondée en 2012 par David Joubert, pilote de ligne dans une grande compagnie aérienne, travaille à la mise au point d’un kit de conversion d’un petit avion de ligne régional turbopropulseur, un ATR 72, en bombardier d’eau. Ce nouvel appareil, le Kepplair 72, sera équipé de quatre réservoirs d’eau installés dans le fuselage, au niveau du train d’atterrissage, pour larguer, soit avec effet de souffle, soit à flot constant, 7,5 tonnes d’eau en moins d’une seconde et demi.

Et, contrairement aux avions écopeurs - ces avions qui peuvent remplir leur réservoir en rasant les lacs - cet appareil fait le choix d’un ravitaillement à terre, dans un pélicandrome par exemple. Cette infrastructure est installée sur les aérodromes et les aéroports et est utilisée par les pompiers.
Un choix qui ne relève en rien du hasard. "Les pilotes de Kepplair 72 n’ont pas à s’entraîner à l’écopage, ce qui réduit de plus 50 % les heures d’entraînement. Cette économie est considérable car elle représente pour certains exploitants jusqu’à 25 % de l’activité", explique David Joubert, le président-fondateur de Kepplair Evolution.

De levées de fonds pour 25 à 30 millions d’euros

 

Le Kepplair 72 ne se consacrera pas uniquement aux feux de forêt. La société, qui est domiciliée à Toulouse depuis le mois de septembre, entend en faire un avion multirôle pour le transport de fret. "On pourra installer, sous certaines conditions, des civières pour faire de l’évacuation sanitaire ou des sièges pour faire du transport d’équipe d’urgence", précise David Joubert. "Cette approche multi-usages est une conviction et est différente. Car elle permet d’optimiser et de rationaliser l’utilisation tout au long de l’année et réduire les coûts fixes."

Si Kepplair Aviation assure la conception du kit de conversion, c’est Aerotec & Concept, filiale d’Expléo installée à Blagnac, qui se charge de son développement. Sa production est prévue en 2026 et sa mise en service en 2027. Reste à trouver des financements en capital-investissement de l’ordre de 20 à 25 millions d’euros et en obligations remboursables. L’entreprise espère également bénéficier d’une aide de Bpifrance.
Audrey Sommazi

Sur la photo : Illustration du Kepplair 72, qui se ravitaillera en eau depuis le sol. Crédit : Kepplair Evolution.

P.S. :

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Source : https://www.touleco.fr/Aeronautique-Avec-Kepplair-Evolution-l-avion-de-ligne-largue-l,48360