Sophie Roques, vous êtes la fondatrice de MariJul RH. Comment est né le dispositif d’accompagnement pour le retour ou le maintien dans l’emploi des personnes atteintes d’un cancer ?
Notre partenariat avec la Ligue contre le cancer de Haute-Garonne est né en 2011 de la conjonction de plusieurs facteurs : une forte sensibilité au sujet, des rencontres amicales fréquentes de personnes suivies en traitement, le constat d’un besoin d’être rassuré et accompagné pour traiter le travail, une rencontre déterminante avec Marie-Ange Léophonte, la directrice générale de la Ligue contre le cancer 31, et une volonté commune de mettre en place le dispositif. Car, et il est important de le préciser, nous constatons de façon quasi systématique que toutes les personnes qui traversent l’épreuve de la maladie et des traitements associés ont besoin de retrouver un sens dans leur activité professionnelle. Et nous observons une crainte chez ces personnes-là de se retrouver dans des situations professionnelles qui pourraient leur re-générer du stress, de l’anxiété et de la peur.
Ainsi, nous recevons toutes ces personnes orientées par la Ligue, mais toutes ne sont pas forcément accompagnées. L’entretien d’accueil nous permet de détecter des critères nécessaires à la reprise d’une activité pour intégrer les dispositifs, tels qu’une volonté et une motivation forte de retravailler. Précisons également que, la plupart du temps, elles sont en fin de traitement. En tout, nous avons accompagné 175 personnes.
Pouvez-vous présenter ces dispositifs ?
Nous proposons deux accompagnements possibles. Un dispositif court, que nous appelons bilan, se compose de quatre entretiens dont l’objectif vise à ré-assurer la personne dans ses compétences et sa posture professionnelle. Nous l’aidons à bâtir et valoriser son portefeuille de compétences pour qu’elle se rende compte qu’elle est apte et capable à retravailler. Un second parcours est proposé à des personnes soit inscrites avant l’arrêt maladie à France Travail, soit à des personnes qui ne peuvent plus reprendre leur activité professionnelle pour raisons physiques et/ou psychiques. Un second dispositif, à la fois bilan et accompagnement, comporte huit entretiens qui consistent à poser une à deux hypothèses de projet professionnel et à le ou les confronter à la réalité professionnelle. En parallèle, nous animons quatre ateliers par an à la Maison de la Ligue contre le cancer 31, à Toulouse. L’un d’eux est le fruit d’un travail collaboratif avec WISE RH et porte sur la posture professionnelle à adopter lors d’un entretien d’embauche et en situation professionnelle.
Ces dispositifs, essentiels pour aider les bénéficiaires dans cette période de questionnement autour de l‘emploi, sont entièrement pris en charge par la Ligue contre le cancer grâce à la générosité des donateurs.
Pierre Lacazedieu, co-fondateur avec Maxime Resano et Camille Blaya du cabinet de conseil WISE RH, quand vous êtes-vous rapproché de la Ligue ?
Notre cabinet, qui intervient sur deux volets (recrutement et conseil & formation), a noué avec la Ligue un partenariat qui se renforce au fil du temps. A la base, nos collaborateurs ont participé aux courses à pied organisées par le comité 31 dans le cadre de campagnes de prévention. Puis nous avons signé une convention de mécénat, et WISE RH est signataire de la charte Lig’Entreprises engagées contre le cancer. Nous avons également accompagné la Ligue dans certains recrutements.
Nous avons décidé de renforcer ce partenariat et de l’inscrire dans la durée. C’est la raison pour laquelle nous avons proposé notre compétence pour co-animer avec Marijul RH le premier atelier collaboratif le 17 mai 2024 en présence d’une dizaine de bénéficiaires. Notre objectif commun est de préparer au mieux leur retour à l’emploi que ce soit dans leur entreprise ou dans le cadre d’une reconversion professionnelle.
Comment s’est déroulé ce premier atelier collectif ?
Les bénéficiaires ont témoigné de leur parcours professionnel. Ils ont échangé sur leur récit de vie. Nous les avons écoutés et les avons encouragés à parler entre eux. Cela leur a fait du bien, me semble-t-il. Si besoin, nous fixons un entretien dans nos locaux, ou par visioconférence, afin de leur apporter nos conseils très pragmatiques : nos connaissances du marché, des entreprises, des postes et des rémunérations... Notre volonté est de leur faire éviter des écueils mais aussi de les aiguiller au mieux dans leur projet professionnel. Nous souhaitons pérenniser cet atelier, à raison de deux par an afin d’en faire profiter un maximum de bénéficiaires.
Benoit Delair, manager chez WISE RH, dans quel état d’esprit se trouvaient les bénéficiaires lors de ce premier atelier ?
Je pense qu’il était un vrai pas pour eux, qu’il leur a donné la possibilité de délier des langues, de se retrouver ensemble et d’échanger sur leur expérience professionnelle. Une véritable conversation de groupe s’est nouée. Autour de sujets concrets liés à leur carrière passée ou leur aspirations futures.
Marie-Ange Léophonte, vous êtes la directrice générale de la Ligue contre le cancer 31. Un mot pour conclure ?
Si ces ateliers ont pu voir le jour, c’est grâce à la générosité des donateurs, qui nous permet une prise en charge totale du coût de ces accompagnements par la Ligue contre le cancer de Haute-Garonne. Chaque don compte. C’est grâce à vous donateurs, mécènes, particuliers ou chefs d’entreprise que nous pouvons soutenir et accompagner les personnes qui traversent l’épreuve de la maladie. D’avance, merci pour votre soutien.
Lien pour faire un don en ligne à la Ligue contre le cancer : https://swll.to/AJIKQ
Légende photo
Sur la photo : Sophie Roques, fondatrice de MariJul RH, entourée de Pierre Lacazedieu (à droite), co-fondateur de WISE RH, et de Benoît Delair, manager chez WISE RH.