42 degrés. De mémoire de Toulousain, et de Météo France, jamais il n’avait fait aussi chaud dans l’agglomération. Certains ont sorti des éventails, d’autres des parapluies utilisés comme des ombrelles pour ne pas étouffer, d’autres encore ont joué avec des jets d’eau. Certains ont essayé, près de la place du Capitole, de se glisser sous la toute nouvelle ombrière en rubans, nouveauté de l’été, pour contrer la chaleur.
Cette barre des 42 degrés a été franchie à Toulouse le mercredi 23 août dernier, vingt ans après le précédent record historique du 4 août 2003 (40,7 degrés) lors d’une canicule qui avait touché toute l’Europe et causé 15.000 décès en France, en particulier dans des maisons de retraite qui n’avaient jamais connu de telles températures.
Si fin 2022 déjà, Météo France alertait sur « les anomalies » de la Ville rose : un déficit de pluie record (-57 % sur les onze premiers mois de l’année) ; une durée des températures maximales établie à 35 degrés sur vingt-quatre jours entre juin et août ; une chaleur « comparable à celle d’Athènes », etc., l’été 2023 a confirmé les craintes, faisant de Toulouse une des villes françaises les plus touchées par le changement climatique.
Fin août 2023, les Toulousains ont donc subi une chaleur étouffante durant plusieurs jours. Une réalité particulièrement difficile à vivre pour les plus précaires, habitant des appartements souvent mal isolés.
Cette très désagréable impression de « rentrer dans un four » pourrait devenir, avec l’accélération du réchauffement climatique, de plus en plus habituelle sur l’ensemble de la planète, selon un consensus scientifique des plus larges. Les épisodes caniculaires pourraient en effet être amenés à se multiplier et gagner encore en intensité, en ayant des conséquences toujours plus grandes sur la santé physique et mentale des individus.
La question de l’eau au centre des débats
Les mesures du plan Climat-fraîcheur mis en place cette année par le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (ombrières de ruban, arbres en pot, ouverture plus large des piscines, tickets de transports moins chers le jour d’alerte canicule, etc.) ont donc été utiles mais ne semblent pas suffisantes lorsque le thermomètre dépasse cette barre jusqu’alors inédite des 42 degrés.
Ailleurs en Occitanie, d’autres records ont aussi été battus. Dans le Gard, la température vertigineuse de 44,4°C à même été atteinte le 23 août dernier.
Autre record enregistré cet été, celui du nombre de lâchers d’eau dans la Garonne, ce que l’on appelle le soutien d’étiage. Selon le Smeag, le Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne, 24 millions de mètres cubes ont été lâchés en août, du jamais-vu. Cette eau, provenant de barrages en amont de Toulouse, notamment en Ariège, a permis d’alimenter 50 % de la Garonne durant la canicule. Et elle confirme les inquiétudes d’avant l’été des sociétés d’aménagement des bassins d’Occitanie.
Des conséquences économiques... et politiques
Côté activité économique, plusieurs secteurs ont été impactés par la chaleur : les transports ferroviaires (suppression de certains trains les jours de canicule), le maraîchage (touché par les restrictions d’eau), et jusqu’aux livreurs d’Uber Eats, qui ont demandé une suspension des commandes et une indemnisation au début de la mise en place du plan Canicule rouge. Des revendications appuyées par le député Toulousain Hadrien Clouet, LFI, qui a réclamé dans un communiqué un plan d’urgence et une révision du code du travail durant les jours de canicule.
Nul doute donc que le réchauffement climatique alimentera les prochains débats politiques, que ce soit au niveau local, national ou européen : les élections européennes sont prévus en juin 2024.
Matthias Hardoy
Photos de ce jours de canicule. Crédit : Rémy Gabalda - ToulÉco.