Les mauvaises habitudes ont la vie dure. « Ma mère pense que je travaille encore à l’Utopia », avoue timidement Jérémy Breta. Pourtant, en 2016, ce cinéma d’art et d’essai, situé rue Montardy, en plein cœur de Toulouse, tournait une page : une nouvelle direction prenait les commandes et un nouveau nom, American Cosmograph, s’inscrivait en haut des affiches des films. Les spectateurs ont d’abord boudé l’établissement avant de retrouver son chemin. Mais le Covid-19 est venu tout bousculer. Depuis ? La fréquentation fait du yo-yo. « En 2022, la reprise a été difficile en raison de l’hésitation, du manque d’habitude et de l’offre pléthorique mais, en 2023, les signaux sont très très encourageants », estime Jérémy Breta.
Alors, sept ans après la reprise, le gérant désormais seul à la tête de l’établissement - son bras droit Annie Mahot a quitté l’aventure - a décidé de mener des travaux pour un montant de 1 million d’euros. Ainsi, le cinéma a fermé ses portes pour les deux mois d’été afin d’assurer la mise en accessibilité de la salle 3, changer la moquette vieillissante, la décoration boisée du hall d’accueil, les fauteuils et les écrans des trois salles, améliorer le système du traitement d’air et remplacer les installations électriques. « Nous avions vraiment envie d’épurer et coller à notre thématique autour de Jules Verne », explique Jérémy Breta. « Nous avions aussi envie de créer notre identité pour recréer l’envie d’aller au cinéma. »
Oppenheimer c’est oui, Barbie, c’est non
D’autant que la concurrence n’est pas loin. Pathé Gaumont, place Wilson, est à deux rues. Mais les armes ne sont pas égales. Pour se différencier, ou du moins attirer le public, le cinéma organise une fois par semaine des débats, avant-première et concerts. « Notre plus-value est la convivialité et la proximité », précise le gérant. Et une programmation de films décidée en interne. « On doit faire des arbitrages mais on cherche un certain équilibre. Dans l’idéal, on projette un film un peu pointu, un gros long-métrage quatre à cinq semaines après sa sortie et un film fort, cannois », poursuit-il.
Ainsi, Barbie, qui a pourtant cartonné en salle, n’a pas été projeté par l’American Cosmograph. « Il ne nous a pas plu. On lui a préféré Oppenheimer que l’on peut défendre. » Autre nouveauté qui a accompagné la réouverture du cinéma, le mardi 5 septembre : le fanzine est désormais distribué en couleurs. Une autre petite révolution pour les habitués...
Audrey Sommazi
Sur la photo, Jérémy Breta, le gérant d’American Cosmograph. Crédits : Rémy Gabalda - ToulÉco.