« Ici, on va au-delà de l’hébergement et de la bienveillance. Le programme de dix mois est intensif et exigent, on ne parle que de cyber et l’on promet aux entrepreneurs qu’ils vont en baver, un peu comme dans une classe prépa », résume Aurélie Clerc, la directrice de Cyber Booster. Ce premier incubateur public-privé dédié à la cyber en France s’inscrit dans la stratégie nationale cyber, elle-même inscrite dans le plan d’investissement France 2030, et dotée d’un budget de plus d’un milliard d’euros. Objectifs affichés ? Tripler le chiffre d’affaires du secteur cyber et créer 37.000 emplois d’ici à 2025.
Installé dans le cybercampus de Paris-La Défense et au Poool à Rennes, l’incubateur est porté par quatre structures de l’accélération et de l’investissement, Axéléo et Le Poool. Sa mission ? « Faire grandir la filière cyber, par l’émergence de nouveaux acteurs qui deviendront des champions européens, et décloisonner la cyber à l’intérieur des grandes organisations », pointe sa directrice.
En 2022, Cyber Booster a reçu quatre-vingts candidatures, dont vingt-cinq qualifiées. Onze ont franchi le cap du comité de sélection et six suivent actuellement le programme d’accélération [1]. Dans ce domaine complexe, les jeunes diplômés sortant d’écoles d’ingénieurs sont les grands absents. Aurélie Clerc sélectionne plutôt une majorité de consultants avec dix ans d’expérience qui souhaitent lancer la solution qui leur a manqué ou qui a manqué à leurs clients. « Nous souhaitons faire émerger des leaders européens, donc nous les sélectionnons sur leur maturité et leur capacité à se développer rapidement… », justifie la directrice. À l’issue de cette première période (set-up), des représentants de l’État et des partenaires, dont Capgemini, OnePoint, la Française des Jeux, etc., constituent le comité de sélection.
La table à secousses pour convaincre les investisseurs
S’ouvre ensuite « The Build » une période d’accélération de trois mois qui compte douze séances de deux jours intensifs en présentiel et peut se dérouler à Paris-La Défense et à Rennes. « À ce stade, il faut qu’ils fassent la preuve de marché pour démontrer que le potentiel est là en termes de besoins et d’utilisateurs pour leurs "super technos". Nous les faisons passer notamment par la table à secousses devant des investisseurs et des opérationnels de la cyber afin qu’ils défendent leur solution. Enfin, on passe à la phase business. Ensuite, nous les accompagnons individuellement pendant 6 mois dans la dernière phase "run" ».
Les start-up incubées sont éligibles à une subvention de la BPI qui peut atteindre 150.000 euros. « Nous constatons l’intérêt de plus en plus précoce des fonds d’investissements pour la cyber. Ils viennent nombreux chez nous pour voir ce qu’il se passe, mais n’investissent pas pour autant très rapidement. » Les six start-up en cours d’incubation présenteront leur pitch final le 20 juin prochain devant des investisseurs, des décideurs, des clients, avant l’ouverture de la sélection pour une nouvelle promotion.
Béatrice Girard
Sur la photo : Aurélie Clerc, la directrice générale de Cyber Booster, qui lance un nouvel appel à projets en juin 2023. Crédit : DR.
Agenda
Retrouvez tous les acteurs de la cybersécurité à Toulouse à l’occasion des Rencontres Cyber d’Occitanie, le mardi 13 juin prochain. Inscriptions sur le site de la manifestation.
Notes
[1] Dont la toulousaine Reversense fondée en 2020 par Georges-Bastien Michel