Depuis l’Occitanie, Atmo met en évidence la pollution de l’air aux PFAS

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Dans l’Aude comme à Toulouse ou Montpellier, des pesticides, des perturbateurs endocriniens et des PFAS sont présents toute l’année dans l’air que nous respirons. C’est la conclusion d’une étude inédite d’Atmo Occitanie, l’observatoire régional de l’air, qui, pour la première fois en France, mène une surveillance simultanée de ces polluants émergents.

Ils sont utilisés pour la vigne et les grandes cultures, sont présents dans de nombreux dentifrices et shampoings, servent pour des emballages alimentaires et des ustensiles de cuisine. Les pesticides, les perturbateurs endocriniens et les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées – ou PFAS pour faire plus court – sont partout. Dans les sols, dans l’eau mais aussi dans l’air ambiant.

L’observatoire régional de l’air, Atmo Occitanie, est parvenu à cette conclusion sur la base des premiers résultats d’une étude sur ces polluants émergents, inédite en France. Présentée le 10 octobre dernier, cette campagne est documentée par un suivi des pesticides dans l’air en 2023 et 2024 dans dix sites, urbains et ruraux, de la région. Ce suivi est complété par des mesures simultanées sur les perturbateurs endocriniens et les PFAS dans cinq de ces sites, à Toulouse, Montpellier, dans l’Aude viticole, le Gard urbain et la Haute-Garonne, en zone de grandes cultures. L’objectif était de mettre en évidence une éventuelle multi-exposition. Elle se confirme.

Sur 192 molécules recherchées, tous composés chimiques confondus, 105 au total ont été trouvées et quantifiées. Dans le détail, Atmo Occitanie a d’abord identifié 47 pesticides sur les 88 qu’il recherchait. Les plus présents, avec néanmoins des concentrations en baisse, sont le folpel, un fongicide utilisé pour la vigne, le pendiméthaline, un herbicide homologué pour les céréales, le maïs et le colza, et le prosulfocarbe, un autre herbicide autorisé pour les grandes cultures.

Phtalates et répulsif anti-moustique

La surveillance par Atmo Occitanie des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques présentes dans les cosmétiques, l’alimentation et les plastiques, qui dérèglent notre fonctionnement hormonal et ont des effets délétères sur notre santé, a été conduite en 2024. Sur 56 molécules recherchées, 50 ont été trouvées sur l’ensemble des cinq sites de mesure simultanée occitans. Les principales sont les phtalates, ces polluants issus de la dégradation des plastiques présents dans l’air sous forme gazeuse et de microparticules. Le DIBP, composé majoritaire du PVC, est le phtalate le plus fréquemment retrouvé. Autres perturbateurs endocriniens identifiés, le naphtalène, un hydrocarbure aromatique polycyclique provenant de la combustion du bois et de carburants fossiles et le DEET, un répulsif anti-moustique, particulièrement utilisé dans l’est de la région.

Concernant les PFAS ou polluants éternels, exploités depuis les années 1950 pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et leur résistance aux fortes chaleurs, le suivi d’Atmo Occitanie porte sur l’année 2025. Sur 50 molécules analysées, entre deux et dix polluants ont été retrouvés selon les sites de mesure, les plus exposés étant le Gard urbain et Montpellier. Six PFAS ont été identifiés à Toulouse, 7 dans l’Aude, 2 en Haute-Garonne, en milieu rural.

Trois ans de suivi au moins

« Cette étude est une première en France. Aucun territoire n’avait encore suivi ces trois polluants émergents de façon simultanée dans quatre environnements différents, en milieu industriel, urbain, viticole et de grandes cultures. Le premier enseignement est le suivant : quel que soit l’endroit ou le moment, nous respirons des perturbateurs endocriniens et des PFAS », résume Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo Occitanie.

Pourquoi sont-ils présents dans l’air ? Quelles sont leurs sources ? Est-ce grave pour notre santé ? « On commence juste. Il y a d’autres investigations à mener mais, d’après l’Anses [1], les perturbateurs endocriniens sont suspectés d’agir sans effet de seuil. Dès la première molécule, il y a un impact », souligne Pierre-Yves Robic, directeur adjoint d’Atmo Occitanie.

Engagée grâce à des financements exceptionnels issus d’une astreinte du Conseil d’État, cette étude sur les polluants émergents va se poursuivre durant les trois années qui viennent au moins. L’intérêt d’un suivi de long terme de ces toxiques - comme pour les particules fines, l’ozone et les oxydes d’azote, ces polluants réglementés qu’Atmo Occitanie surveille au quotidien - est de pouvoir évaluer l’impact des actions mises en œuvre pour les réduire et améliorer la qualité de l’air.

Une question d’urgence. Santé Publique France évalue à 40.000 par an le nombre de décès évitables liés à la pollution de l’air, avec un coût pour la Sécurité sociale de plus de 100 milliards d’euros. « La population se pose des questions légitimes sur l’impact sanitaire et environnemental des pesticides, des perturbateurs endocriniens et des PFAS », observe Émilie Dalix, la présidente d’Atmo Occitanie. « C’est la raison pour laquelle nous avons décidé localement de mener cette étude pour établir un état des lieux et avancer sur le chemin de la connaissance scientifique, afin que chaque acteur puisse s’emparer de ces données. » Et agisse au plus vite.
Johanna Decorse

Sur la photo : À Toulouse aussi, l’air contient pesticides, perturbateurs endocriniens et PFAS. Crédit : Hélène Ressayres - ToulÉco.

Notes

[1Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

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Source : https://www.touleco.fr/Depuis-l-Occitanie-Atmo-met-en-evidence-la-pollution-de-l-air,48566