Mohedano. Des bijoux toujours dans le cou(p) !

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L’enseigne Mohedano a pignon sur rue à Toulousedepuis trois générations. Aujourd’hui, c’est la petite-fille, Marie-Laure, qui dirige la prospère entreprise familiale. La jeune femme modernise en douceur la prestigieuse bijouterie de la rue des Tourneurs avec son équipe de trois salariés. Reportage dans un univers toujours un peu secret qui fait encore rêver.

Dans leur petite mais coquette boutique du centre de Toulouse, ils accueillent leurs clients avec simplicité, sans cérémonie. Pourtant, Marie-Laure Mohedano et son équipe vendent des biens pas vraiment comme les autres, et pas toujours à la portée de tous : des bijoux. Des bagues, des parures, de l’or, des diamants, des pierres précieuses, mais aussi des montres haut de gamme. Depuis les années soixante, la bijouterie Mohedano est en effet une adresse reconnue à Toulouse. Le fait de devoir sonner pour y accéder, ainsi que les caméras de surveillance nous rappellent que certains des biens qui s’y trouvent peuvent parfois susciter la convoitise.

Toujours avenante, Marie-Laure n’a pas oublié son grand-père Diego, qui a fui l’Espagne franquiste dans les années cinquante. C’est à Toulouse, qu’il découvre le métier qui a changé son existence, celui de joaillier. Après avoir appris la profession dans plusieurs ateliers, il ouvre sa première bijouterie, la Fabrique de Genève, en 1956, au 54 rue des Tourneurs, toujours dans la Ville rose. En 1973, avec son fils José, il déménage au numéro 46 de la même rue. Là où se trouve toujours la boutique familiale. Aujourd’hui, c’est sa petite-fille qui est aux commandes. « J’ai grandi dans cette boutique, j’ai voulu me mettre dans les pas de mon père et de mon grand-père. J’ai eu le désir de perpétuer la tradition. Il faut dire qu’il se passe de si belles choses dans ce lieu. Les bijoux, ce sont de beaux objets que l’on se transmet pour marquer des moments et des sentiments forts. Nous sommes une famille de bijoutiers qui perdure grâce à des familles de clients qui nous font confiance. Nous sommes un peu les témoins de l’évolution de leurs vies. Cela fait toujours quelque chose de voir leurs yeux s’illuminer quand ils sont satisfaits du travail réalisé sur les bijoux », s’enthousiasme Marie-Laure Mohedano.

« Je suis aussi excitée que les clients quand le bijou arrive en boutique »

Pour faire tourner sa bijouterie, elle peut compter sur le professionnalisme de son équipe. Jérôme Verneuil, lapidaire (spécialiste de la taille des pierre précieuses) formé à la prestigieuse École de la rue du Louvre, a travaillé dans de nombreuses belles adresses de la Côte d’Azur et de Toulouse ; Joelle Toanen, gemmologue de formation (spécialiste de l’analyse de pierre), experte notamment pour mettre en lumière les bijoux en vitrine, et enfin Mélanie Chambon, dessinatrice diplômée en bijouterie-joaillerie. Elle, ce qu’elle préfère, c’est concevoir, en dialogue avec les clients de Mohedano, leurs projets de bijoux. « Mon but est de matérialiser leurs envies. Je suis aussi excitée qu’eux quand le bijou qu’on a designé ensemble arrive en boutique », confie-t-elle. « Ce que j’aime particulièrement, ce sont les projets modernes, qui sortent un peu de l’ordinaire, avec des pierres très colorées. »

Les bijoux ne sont plus tous fabriqués sur place. La bijouterie a noué des partenariats avec deux ateliers de fabrication. L’un est situé à Toulouse, l’autre à Valence, dans la Drôme. « On commence par réaliser des maquettes sur papier et sur un logiciel 3D depuis quelques années. On montre en amont les pierres et diamants aux clients pour qu’ils choisissent ceux qu’ils veulent utiliser pour leurs projets. Pour les diamants, nous travaillons avec des partenaires situés à Anvers. C’est la capitale mondiale des diamantaires », raconte la dirigeante de la bijouterie. La boutique propose par ailleurs de réaliser des réparations. Pour ce faire, en sous-sol, a été conservé le vieux mais toujours élégant établi en bois du grand-père Diego.

Pour marquer ses dix ans à la tête de l’entreprise familiale, Marie-Laure Mohedano a organisé cette année une grande conférence dans le cadre pour le moins chic du Manoir du Prince, lieu de réception de Portet-sur-Garonne géré par le groupe événementiel Miharu. « La thématique était “Diamants, mythes, magie et réalité”. Nous avons réussi à rassembler une centaine de clients et partenaires. Cela donne de l’impulsion pour la suite », indique, avec le sourire, la dirigeante quadragénaire.

Enfin, chez Mohedano, on n’esquive pas les questions sur la provenance des diamants qui s’intègrent à la composition de certains bijoux à la vente. « Les diamants proviennent majoritairement d’Afrique du Sud. Ils sont conventionnés Kimberley, c’est-à-dire qu’ils ont reçu une certification internationale assurant qu’ils ne sont pas liés à des conflits armés ou à de la traite d’êtres humains. Il faut savoir, par exemple, que depuis la guerre en Ukraine, nos diamants n’ont plus de lien avec la Russie. Ces certifications sont importantes car, dans un contexte géopolitique instable, le diamant comme l’or sont des valeurs refuges. Ce qui n’est malheureusement pas prêt de s’arrêter », prédit Mélanie Chambon.
Matthias Hardoy

Sur les photos : L’équipe de la bijouterie Mohedano : Jérôme Verneuil, lapidaire ; Joelle Toanen, gemmologue de formation ; la dirigeante Marie-Laure Mohedano et Mélanie Chambon, diplômée en bijouterie-joaillerie. //Mélanie Chambon, dessinatrice exceptionnelle, diplômée en bijouterie-joaillerie, réalise des maquettes des projets des clients de la Bijouterie Mohedano. Crédit : Rémy Gabalda-ToulÉco.

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Source : https://www.touleco.fr/Mohedano-Des-bijoux-toujours-dans-le-cou-p,44697