Avec Fragments, la Chambre des métiers d’Occitanie valorise l’artisanat d’art

Depuis quatre éditions, Fragments a trouvé son écrin. Le salon dédié aux métiers d’art de la Chambre régionale de métiers et de l’artisanat (CMAR) d’Occitanie a choisi un lieu majestueux, l’Hôtel-Dieu Saint-Jaques de Toulouse, qui met particulièrement bien en valeur les quatre-vingts artisans sélectionnés [1] pour exposer et vendre leurs œuvres. Dès l’ouverture, ce jeudi de fin novembre à 14 heures, les visiteurs sont très nombreux. L’an passé, environ 6300 visiteurs se sont pressés dans les allées.

C’est le travail de la Lozérienne Cristine Bath qui a été choisi pour illustrer l’affiche de l’édition 2025. La céramiste occupe le stratégique stand numéro 1, à l’entrée du salon. Ses sculptures mystérieuses, faites de plusieurs strates de matières, intriguent les visiteurs. Roches étranges ou sortes de coraux de fonds marins, à chacun de voir ce qu’il souhaite. « C’est une grande fierté d’être ainsi mise à l’honneur. Cela fait dix ans que je travaille l’art de la céramique. En nous permettant d’avoir accès à un public aussi nombreux, la CMAR montre qu’elle est concrètement à nos côtés », confie l’artiste céramiste dont l’atelier est situé à Vialas, dans le sud-est de la Lozère.

Parmi les autres artisans mis en avant, on peut citer notamment un autre Lozérien, Frédéric Bousquet, et son entreprise Titanium Sound, située dans les Gorges du Tarn. Cet ancien de l’aéronautique fabrique des instruments de musique éducatifs et thérapeutiques particulièrement robustes [2] à destination des enfants, des personnes âgées ou des personnes en situation de handicap. Ces instruments aux designs très soignés et aux sonorités curieuses, voire poétiques, sont vendus dans une vingtaine de pays.

« L’artisanat d’art, une voie d’excellence, mais accessible »

À ne pas rater aussi, dans ce cinquième Fragments, les montres sur mesure et luxueuses du duo Vincent Candellé-Tuheille et Simon-Pierre Delord [3], mais aussi le travail sur bois d’un autre duo David et Émilie Liagre. Le premier est ébéniste et meilleur ouvrier de France (MOF) depuis 2019, sa femme est restauratrice de meubles et décoratrice d’intérieur. « Le titre de meilleur ouvrier de France a changé le regard sur le travail de David. Dans un salon comme Fragments, il permet de briller un peu plus encore », estime Émilie Liagre. Son époux est déjà très sollicité par un public jeune, venu l’observer faire une démonstration de marqueterie avec de la paille.

Cela ravit Joseph Calvi, président de la CMAR d’Occitanie, qui comme chaque année sillonne les allées du salon. « Ceux qui critiquent la jeunesse ont tout faux. On sent beaucoup d’envie chez nos jeunes. Ce salon cherche à leur montrer que l’artisanat et, en particulier l’artisanat d’art est une voie belle, d’excellence, mais, en même temps, accessible », considère le président qui a fait du développement de l’apprentissage dans l’artisanat d’art un cheval de bataille.

« Nous avons lancé l’an passé Festa, un dispositif pour encourager l’apprentissage dans les métiers d’art. Pour que le savoir-faire de nos plus de 4000 artisans d’art occitans perdure, il faut assurer une transmission. C’est ce que permet l’apprentissage [4] », explique Joseph Calvi. « L’artisanat peut être aussi un chemin pour des jeunes en échec universitaire ou pour des individus plus ou moins âgés en recherche de sens. La crise sanitaire avait particulièrement suscité des désirs de changement. Mais on reçoit encore beaucoup de personnes qui veulent changer de vie. Nous continuons à travailler pour être un acteur de plus en plus solide de la réorientation professionnelle », affirme avec énergie le président de la CMAR d’Occitanie.
Matthias Hardoy

Sur les photos : En Une, image d’archive de l’édition 2023. Crédit : Rémy Gabalda-ToulÉco. // La céramiste Cristine Bath dont l’œuvre est à l’affiche de cette édition 2025 de Fragments. Crédit : Cristelle Duos.