Toulouse. Ma Boîte à moustique se pique d’une nouvelle levée de fonds pour financer sa recherche

article diffusé le 28 avril 2025

Partager cet article

Lancée en 2021 à Balma, Ma Boîte à moustique a atteint en à peine trois ans un chiffre d’affaires de 2,3 millions d’euros et un premier exercice à l’équilibre. La start-up, qui développe des pièges anti-moustiques écoresponsables inspirés du biomimétisme, vient de finaliser une levée de fonds d’1 million d’euros pour financer sa recherche et développement.

La progression de Ma Boîte à moustique est à la mesure de la prolifération de l’espèce tigre en France. Fulgurante. Depuis sa création en 2021, la start-up toulousaine est en effet passée de 100.000 euros de chiffre d’affaires à 2,3 millions d’euros en 2024, avec un premier exercice à l’équilibre. De quoi laisser sur place l’invasif Aedes albopictus, limité par sa capacité de vol réduite à 150 mètres mais qui couvrira sans doute bientôt tout l’Hexagone. Début 2023, les autorités sanitaires recensaient déjà 71 départements métropolitains colonisés sur 96, soit dix fois plus qu’en 2010. De quoi assurer un marché de long terme à Ma Boîte à moustique et à sa solution brevetée, inspirée du biomimétisme.

Déclinée sous forme de jardinière pour les professionnels ou de borne rétro-éclairée vendue pour le grand public depuis 2024 sous la marque Wiliv, son invention repose sur le même principe : imiter la présence humaine en copiant sa respiration et son odeur par la diffusion d’une petite quantité de CO2 biosourcé et d’un leurre de phéromone dans le but d’attirer et piéger les moustiques.

La jeune pousse de Balma a tissé un réseau de 150 installateurs en France, paysagistes, piscinistes ou encore magasins de mobilier, qui achètent ses produits et les revendent à des collectivités, des restaurateurs ou des sites touristiques en assurant l’installation et la maintenance. Quelque 3500 jardinières ont déjà été déployées, aussi bien à la Cité de l’Espace à Toulouse, que dans les espaces extérieurs de la Caisse des Dépôts à Bordeaux, de la crèche de Saint-Egrève en Isère ou dans le village de gîtes du domaine de Bagard, dans le Gard. Le produit Wiliv est quant à lui référencé dans une centaine de points de vente.

Financer la recherche

Les fondateurs de Ma Boîte à moustique, Guillaume Lombart et Romain Tiberghien, auraient pu être tentés de marquer une pause mais ils ont fait le choix d’accélérer encore. Après une première levée de 800.000 euros en 2022, les deux ingénieurs ont finalisé en début d’année une deuxième collecte d’un peu plus d’1 million d’euros. Jean Bataille, l’un des fondateurs de la marque française de vélos électriques O2Feel et actionnaire historique de la start-up, a remis au pot aux côtés d’autres investisseurs et de la Banque publique d’investissement.

« L’entreprise était stable sans cette levée de fonds mais notre vision est de dire qu’il y a encore beaucoup de choses à faire en ce qui concerne la thématique moustique. Nous avons donc décidé de continuer à investir dans la recherche et développement pour renforcer nos produits actuels et amener des solutions complémentaires de rupture toujours plus durables et efficaces, au service du plus grand nombre », explique Romain Tiberghien, ingénieur de l’Icam qui a fait carrière chez ArianeGroup et Airbus avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

Pour renforcer son expertise scientifique, la jeune pousse toulousaine a ainsi recruté deux entomologistes et mis en place son propre laboratoire dédié à l’étude des moustiques et aux tests en conditions réelles. Les fonds issus de ce deuxième tour de table vont aussi servir à financer des projets de recherche à trois ans encore confidentiels.

Fabrication française

En parallèle, Ma Boîte à moustique amorce son expansion à l’international en privilégiant dans un premier temps la Suisse et les pays frontaliers, également touchés par la progression du moustique tigre. La start-up, qui emploie aujourd’hui quatorze personnes, veut se positionner comme un futur acteur de référence en Europe dans la lutte durable contre l’invasion des culicidés. Durable, l’entreprise veut l’être aussi dans sa fabrication, 100 % française.

« Nous assurons l’industrialisation et la mise en série dans notre atelier de montage de Tullins, en Isère, jusqu’à un millier de pièces. Au-delà, nous nous appuyons pour l’assemblage sur des partenaires, Syselec à Castres et l’Esat A2FLS, en Lozère. Travailler avec d’autres, pour la R&D comme pour la production, fait partie de notre modèle économique et écologique », précise Romain Tiberghien. Ma Boîte à moustique a aussi tissé des liens étroits avec plusieurs fournisseurs, le fabricant de mobilier métallique isérois Sori et Metal Mobile, au Mas-d’Agenais, qui lui procurent l’enveloppe en acier époxy de ses produits ou encore avec la société SMEE, près de Grenoble, pour les cartes électroniques. Les filets de capture des pièges proviennent de la région lyonnaise et les housses de protection, d’un atelier textile du nord de la France. Quant au câblage des dispositifs, il est pris en charge par une entreprise de réinsertion à Tullis. Et c’est dans les Hautes-Pyrénées, auprès de la start-up Gaz de Ferme, qu’est sourcé le bioCO2 indispensable au système de piégeage.

Dans son argumentaire, Ma Boîte à moustique veille néanmoins à ne « pas survendre » ses produits. « Notre système professionnel permet d’abaisser le niveau de nuisance lié aux moustiques de l’ordre de 73 % dans un rayon de 10 à 15 mètres autour des machines, ce qui représente une surface de 300 à 700 m2. Ces pièges sont précieux mais la prévention reste nécessaire. Il faut éliminer d’abord les points d’eau où les femelles vont pondre leurs œufs et se développer », rappellent les deux fondateurs.
Johanna Decorse

Sur les photos : Guillaume Lombart et Romain Tiberghien, les deux fondateurs de Ma Boîte à moustique. Les pièges imaginés par la start-up toulousaine peuvent prendre la forme d’une jardinière ou d’une borne rétro-éclairée en métal. Crédits : DR.

Réagir à cet article

Source : https://www.touleco.fr/Toulouse-Ma-Boite-a-moustique-se-pique-d-une-nouvelle-levee-de,46171