En trente ans, Altiservice a progressivement réduit son périmètre sur les pistes mais l’a élargi au-delà du ski. La société, qui a pu gérer jusqu’à six domaines skiables dans les Pyrénées, dont Luchon-Superbagères, Guzet, Artouste et Cambe d’Aze, se limite aujourd’hui à deux valeurs sûres, Saint-Lary, la plus grande station du massif côté français située dans les Hautes-Pyrénées, et Font-Romeu Pyrénées 2000, dans les Pyrénées-Orientales.
Créée en décembre 1990, l’ancienne filiale de la Lyonnaise des eaux rachetée en 2019 par le fond d’investissement BTP Impact Local, que gère Vauban Infrastructure Partners [1], a mené sa première opération de diversification avec la maintenance et l’exploitation du téléphérique de Toulouse Téléo. Et, depuis cinq ans maintenant, elle investit le champ de la restauration et de l’hôtellerie. Après la transformation en 2020 d’une ancienne usine à neige en restaurant d’altitude à Font-Romeu, La Gallina, accessible hiver comme été, Altiservice a acquis durant la saison 2022-2023 l’hôtel de vingt-six chambres, L’Oustalet, et son restaurant.
La suivante, elle a repris un fonds de commerce sur le versant Pyrénées 2000 pour créer un magasin de location de VTT et de fatbikes dont elle a confié la gestion à des professionnels locaux. Sa dernière opération concerne Saint-Lary et la reprise du refuge de l’Oule et du restaurant d’altitude Les Merlans. « Nous allons continuer notre diversification dans la restauration, notamment car elle apporte un complément de services. Nous voulons des investissements qui ont une valeur ajoutée pour le territoire », explique Anne Marty, directrice adjointe d’Altiservice.
Succès de la luge sur rail
Confronté comme les autres gestionnaires de stations à la réalité du changement climatique et à son impact sur l’enneigement, l’exploitant poursuit la modernisation et la transformation de ses domaines skiables dans une logique davantage montagne. Son plan pluriannuel d’investissements de 55 millions d’euros, engagé en 2020 et tourné aussi vers le quatre saisons, s’est illustré cet été à Font-Romeu Pyrénées 2000 par la mise en service d’une luge sur rail – 850 mètres de descente pour 96 mètres de dénivelé – et d’une tyrolienne géante permettant d’atteindre une vitesse de 100 km/h. Ces deux équipements ont mobilisé une enveloppe de 6 millions d’euros. « Nous avons accueilli 49.000 visiteurs en seulement deux mois sur la luge, ce qui nous a incités à ouvrir également à la Toussaint. La tyrolienne dépasse aussi toutes les promesses avec 40.000 visiteurs cet été », souligne Jacques Alvarez, directeur de la station.
Alors que le paysage change beaucoup dans les Pyrénées françaises et que la Compagnie des Pyrénées gagne du terrain dans le pilotage et la capitalisation des sociétés d’exploitation des stations, Altiservice garde ses positions. Le gestionnaire n’a pas répondu à l’appel d’offres concernant la délégation de service public lancé récemment par le nouveau Syndicat des montagnes de l’Ariège qui regroupe désormais les huit stations du département. Il ne s’est pas non plus positionné pour la DSP de Peyragudes. Mais il ne se dit « pas hostile à un accompagnement de la station dans le développement de ses activités été-hiver ». En outre, Altiservice garde de l’appétit pour le ski puisqu’il a candidaté pour reprendre la gestion de la station alpine de La Plagne et de ses 225 km de pistes. L’actuelle délégation de service public, que souhaite conserver La Compagnie des Alpes, se termine en juin 2027 et la prochaine courra jusqu’en 2052. La réponse pourrait intervenir fin novembre.
Johanna Decorse
Sur la photo : Exploitée par Altiservice, la station de Saint-Lary est la plus grande des Pyrénées françaises avec plus de 100 km de pistes. Crédit : Altiservice.
Notes
[1] groupe Banque Populaire Caisse d’Épargne