Frédéric Carrère, que s’est il passé depuis juin 2024 et votre placement en procédure de sauvegarde judiciaire ?
Les difficultés s’accumulaient pour nous depuis 2022, j’avais déjà allégé considérablement mes équipes, de 200 à 30 personnes, mais cela n’a pas suffit : nous avions peu de stock, trop de charges fixes et pas assez de trésorerie. J’ai donc fait cette demande de protection auprès du tribunal de commerce pour gagner du temps et initier toutes les démarches nécessaires afin de trouver un repreneur et sauver mon entreprise. Depuis, j’ai ouvert mon carnet d’adresses et pris contact avec Yann Doffin qui dirige le groupe Pierreval. Je connaissais déjà le groupe, pour avoir commercialisé l’un de leurs programmes à Limoges que j’ai ensuite géré pendant quinze ans.
Pourquoi Pierreval, plutôt qu’un promoteur national par exemple ?
Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, nous nous connaissions, et avions des aprioris positifs les uns envers les autres. Ensuite parce que dans le contexte actuel, Pierreval est un promoteur positionné exclusivement sur de la vente en blocs et j’imaginais donc qu’il avait traversé la crise avec moins de difficultés que nous, cantonnés exclusivement à la vente en défiscalisation.
Enfin, je savais qu’il construisait en partie sa croissance sur la reprise d’entreprises en difficultés. Pierreval avait en effet racheté le promoteur breton Céléos à la barre du tribunal de commerce en 2009, puis Finaxiome dans les mêmes conditions en 2012.
Que devient Carrère au sein de Pierreval ?
Pierreval reprend le groupe Carrère, finance son fonctionnement et les salaires, mais nous ne disparaissons pas complètement. Mon entreprise est sauvée et je suis assez heureux de continuer à exercer mon métier, car c’est aujourd’hui loin d’être le cas de tous mes confrères promoteurs. Concrètement Pierreval est intéressé par notre force de frappe en matière de développement foncier. Je vais donc manager sous la bannière Carrère Promotion une équipe de trente personnes, et me consacrer uniquement au développement foncier et à la commercialisation, tandis que Pierreval montera toutes les opérations de l’appel d’offres et jusqu’à la réalisation.
Quels sont les objectifs qui vous sont fixés ?
Nous sommes un peu les régionaux de l’équipe, donc ma mission avec une équipe de douze développeurs est de conquérir de nouveaux territoires, notamment l’Occitanie dans laquelle Pierreval n’est pas très présent. Nous développerons aussi les Hauts-de-France, région dans laquelle nous sommes déjà implantés, ainsi que l’Île-de-France, la Bretagne, la Vendée, le Grand Est…
Le groupe Pierreval produit 2000 logements par an, réalise 300 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et dispose de 110 millions d’euros de fonds propres. Au sein de cette entité, notre objectif est de permettre de produire l’équivalent de 600 logements par an à moyen terme.
Propos recueillis par Béatrice Girard
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