Joseph Calvi, les dispositifs annoncés par le gouvernement début janvier pour contrer la hausse des prix de l’énergie sont-ils selon vous à la hauteur ?
L’État a entendu nos inquiétudes. Les dispositifs d’aide annoncés vont donner un peu d’oxygène, même si les boulangers vont devoir tout de même augmenter leurs prix pour s’en sortir, il ne faut pas se voiler la face. L’enjeu aujourd’hui est de faire connaître ces aides. Après les annonces gouvernementales, notre cellule de crise est passée tout de suite à l’action, avec en priorité une campagne d’appels téléphoniques auprès des 3891 boulangers-pâtissiers d’Occitanie pour les informer au mieux de ces nouveaux dispositifs d’aide de l’État, les accompagner si nécessaire dans leurs démarches. Notre réseau dans les treize départements a ainsi pleinement joué son rôle. Nous sommes à l’écoute des artisans, pour faire remonter les situations particulières afin que l’État puisse ajuster les aides si besoin et faire en sorte que tous les artisans, boulangers en première ligne, puissent surmonter la crise.
Lire par ailleurs : Diane Cornu. À Revel, la fine fleur de l’artisanat d’art
Crise sanitaire, augmentation des prix de l’énergie ou des matières premières. Comment les artisans peuvent-ils faire face ?
Les entreprises artisanales sont résilientes, elles se sont toujours adaptées aux évolutions de la société et aux crises. On peut juste déplorer, actuellement, que certains fournisseurs d’énergie, des fabricants et distributeurs de matériaux et matières premières, ne soit pas solidaires, et profitent de la période pour augmenter leurs tarifs un peu plus que de raison. Il y a plus de 200.000 entreprises artisanales en Occitanie. Ce chiffre important montre que le secteur a un poids majeur dans l’économie de proximité de nos territoires, dans les zones urbaines comme rurales. Il faut augmenter le soutien à l’apprentissage, qui est ma priorité absolue. Les apprentis d’aujourd’hui seront les repreneurs et créateurs d’entreprise de demain. Il faut faire venir davantage les jeunes vers l’artisanat et bien les former aux enjeux actuels.
À voir par ailleurs : Lucien Amoros : « Les artisans sont créateurs de lien social au sein de la métropole toulousaine »
Sur l’apprentissage justement, sur quels projets travaille la CMA Occitanie en 2023 ?
Dans la région, nous sommes les leaders de l’apprentissage, avec 9300 apprentis comptabilisés dans nos douze Centre de formation d’apprentis (CFA) à la rentrée 2022. Des réflexions sont actuellement en cours pour rénover ou agrandir certains de nos CFA. Nous réfléchissons aussi à en intégrer d’autres dans notre réseau. Je souhaite aussi développer plus encore l’apprentissage dans les métiers d’art, dans le CFA de Sorèze, dédié à ces professions, mais aussi dans d’autres CFA.
À l’occasion de la Semaine nationale de l’apprentissage dans l’artisanat 2023, du 27 janvier au 3 février 2023, je vais avoir l’occasion de faire un « marathon des CFA ». L’objectif est de mettre le projecteur sur les spécificités de nos centres de formation d’apprentis et de promouvoir leurs projets pédagogiques auprès des institutionnels qui apportent un soutien à l’apprentissage (Région Occitanie, Départements, préfectures…). Chaque CFA présentera sa « pépite », c’est-à-dire la thématique qui fait particulièrement sa fierté (excellence de ses outils technologiques, accompagnement des personnes en situation de handicap, mobilité internationale des apprentis...).
Un rapprochement entre CMA et CCI, évoqué il y a quelques années, est-il toujours dans l’air ?
Je n’ai jamais été de ceux qui ont défendu un tel rapprochement. Chaque consulaire a un rôle différent et important à jouer. Les trois chambres (CCI, CMA et Chambre d’agriculture) travaillent déjà ensemble, en bonne intelligence, sur de nombreux projets tout en restant indépendantes.
Propos recueillis par Matthias Hardoy
Sur la photo : Joseph Calvi, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat d’Occitanie depuis fin 2021. Crédits : Hélène Ressayres - ToulÉco.
Les dispositifs d’aide pour contrer la hausse des prix de l’énergie :
Le bouclier tarifaire initialement dédié aux particuliers a été étendu aux TPE (moins de 10 salariés) avec un chiffre d’affaires annuel inférieur à 2 millions d’euros, ayant un compteur électrique d’une puissance inférieure ou égale à 36 kilovoltampères (kVA). Ce dispositif ne nécessite qu’une attestation aux fournisseurs d’énergie.
Toutes les TPE qui ne sont pas protégées par le bouclier tarifaire (ayant un compteur électrique d’une puissance supérieure à 36 kVa) et toutes les PME (moins de 250 salariés) bénéficient de leur côté automatiquement de « l’amortisseur électricité », dès lors qu’elles paient un prix de l’énergie supérieur à 180 euros par mégawattheure (MWh). Une remise sera alors directement portée par le fournisseur sur la facture. Comme pour le bouclier tarifaire, là aussi, seule une attestation à leur fournisseur est nécessaire pour confirmer qu’elles sont bien des TPE/PME.
Une autre aide dit « aide guichet » existe après prise en compte de l’amortisseur, si le coût de l’énergie en 2022 représente plus de 3 % du chiffre d’affaires 2021 et si la facture a augmenté de 50 % par rapport à 2021. L’aide guichet est à demander en ligne.